« Les femmes vieillissent différemment des hommes. Chez l'homme, le ventricule gauche, celui qui pompe le sang dans le corps, devient plus gros, plus épais quand il vieillit. Chez la femme il rétrécit. J'ai maintenant plus d'un siècle. Mon coeur ne doit plus faire que quelques carats à présent. Il n'y a que très peu de place, là, aussi ce qui s'y loge est ce qu'il y a de plus précieux pour moi. Plus précieux que tout au monde. Les cent ans de mon immortalité n'ont été qu'un mensonge. L'illusion de tout contrôler. En réalité, je n'ai absolument rien contrôlé. Je me suis entourée d'idiots et d'adorateurs, ai placé ma confiance dans les mauvaises personnes. Ennemis extérieurs. Ennemis intérieurs. Il est temps de construire quelque chose de nouveau. Quelque chose de solide. Avec des remparts en fer, en pierre et en acier. Je ne me ferai pas exclure. On ne me dirigera pas. Ma générosité m'a trahie. Ceux à qui j'ai tout donné me remercient avec de la rancoeur et de l'ingratitude. La sécurité ne peut être trouvée qu'en se faisant confiance à soi même. Les autres font toujours n'importe quoi. Une femme a des limites. Et je suis arrivée au bout. Je suis lasse. Lasse de ce monde qui me déçoit. Lasse de ce goutte à goutte, ce goutte à goutte de déception. Je ne serais plus déçue désormais. »

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