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Bonjour ! 

 

J'ai créé cette doll afin de partager avec vous l'histoire que j'écris en ce moment.

Bien sur, j'accepte les critiques (si c'est fondé) et s'il y a des choses qui ne vont pas ou qui vous plasient pas, dites moi :) 

Si vous voulez vous abonner, envoyez-moi un mp, et je vous préviendrai dès que la suite arrivera. Toutes les abonnées doivent m'ajouter en amie. 

 

 

J'écris aussi une autre histoire, que vous pouvez lire juste 

ICI.

 

 

 

 

 

Les personnages

 

Louna

welcometohellblood:*~* su We Heart It.

 

 

 

Maé

 

~L'apprentissage~ 

 

Je me réveille en sursaut, toute transpirante, encore un cauchemar ! Et bien sûr, pas le moindre souvenir… 

Un coup d’œil dans le miroir, ouch un monstre apparaît devant moi. Ou plutôt une jeune fille qui a l’air d’avoir 12 ou 13 ans (loin de mes 16 ans d’origine), la longue chevelure rousse en bataille, le visage couvert de petites taches de rousseur,  avec deux tous petits yeux verts qui risquent de se fermer à chaque instant si je ne fais aucun effort. 

J’enfile  en vitesse l’uni e du lycée pour filles Sainte Hélène, c’est-à-dire  jupe plissée, chemise, et bien sur le petit gilet de coton ridicule ! Il parait qu’autrefois les écoles étaient mixtes, ça doit être bizarre, moi qui n’est jamais parlé à un garçon de ma vie. C’est interdit entre 8 et 16 ans. Ils veulent éviter qu’on se lie avec un garçon qui n’arrivera pas dans le même domaine que nous après l’Apprentissage. Dire que l’Apprentissage commence aujourd’hui ! J’angoisse un peu, mais bon, d’après nos professeurs, le but est de nous orienter correctement, on ne perd rien. 

-Lou, dépêche-toi tu vas être en retard ! 

Je m’appelle Louna, mais tout le monde m’appelle Lou, c’est vrai que c’est compliqué de dire un petit « na » en plus mais bon, j’aime bien ce surnom, c’est mieux que « Nana » ou je ne sais quoi. 

Je descends manger avec ma mère. Je la contemple un peu avant de m’assoir, son joli visage, son nez fin, ses yeux noisette. Elle est vraiment belle, quel dommage que son crane soit rasé, avec des cheveux, elle serait magnifique. Mais il faut respecter la loi, toutes les femmes veuves doivent se raser la tête après la mort de leur mari, afin qu’elles n’attirent pas d’homme et qu’elles n’aient pas de deuxième enfant, on ne peut avoir qu’un seul enfant par foyer. On m’a raconté que, avant l’époque sombre, on pouvait avoir autant d’enfants et se remarier autant de fois qu’on le voulait, on pouvait même divorcer, et choisir son métier ! Désormais, la société contrôle toute notre vie : notre métier, notre partenaire, notre foyer, tout est choisi par l’état, comme ça, nous ne faisons pas d’erreurs et ne sommes pas déçus. Grace à ce système, tout le monde est heureux, à sa place.

-Ça va ? Tu as l’air bien fatiguée, encore un mauvais rêve ? 

-Oui. 

-Tu as bien préparé ta valise ? Tu es sûre de ne rien avoir oublié ? 

-Oui, ne t’inquiète pas Maman. 

-D’accord, dans ce cas, allons-y. 

Nous sortons afin de prendre le bus, qui nous emmène jusqu’au lycée ou nous avons rendez-vous pour partir à l’Apprentissage. L’apprentissage, je ne sais pas en quoi il consiste –comme tous les enfants de moins de 16 ans d’ailleurs- mais je sais que tous les citoyens de 16 ans doivent le passer afin qu’on choisisse le métier qu’ils***rceront. 

Nous arrivons ensuite au lycée, ou une foule de parents et d’enfants attendent l’ouverture. 

-Lou ! Lance une voix dans mon dos.

Je fais volte-face, et me retrouve face à Maé.               

Maé, ma meilleure amie, ma seule amie d’ailleurs. Je ne comprends toujours pas elle m’apprécie, je n’ai rien d’exceptionnel, je suis juste une petite fille, ni belle ni laide, enfin, dans les normes quoi ! Alors qu’elle, Maé, c’est sans doute la plus belle fille de la ville ! Belle blonde de 1m80, charismatique, populaire, enfin un peu mon opposé.

-Alors, prête pour l’Apprentissage ?

-Je crois.

-Ça ouvre, entrons.

Nous avançons vers  l’entrée, moi un peu chancelante, et elle d’un pas serein et gracieux. Elle me serre la main et me lance un clin d’œil pour m’encourager. Je la regarde avec reconnaissance. Qu’est-ce que je ferais sans elle ?                                                                                                                                                     


~~~

 

-Comme vous le savez, aujourd’hui est un grand jour. En effet, c’est le début de l’apprentissage ou tous les enfants qui ont fêtés leurs 16 ans cette année vont être évalués. Les professeurs détermineront leur niveau et leurs points fort afin de les orienter correctement. Je rappelle que l’Apprentissage est la base de l’équilibre de notre société, il a été mis en place après l’époque sombre, afin d’améliorer la vie de tous les citoyens. Que tous les enfants concernés me suivent s’il vous plait, seules cinq minutes sont accordées pour les adieux.

-Adieu, ma fille.

-Arrête, dis pas ça on va se revoir !

-Bien sûr, j’irais te rendre visite si je le peux. Et maintenant va, il ne faut pas te faire remarquer le premier jour !

-A bientôt alors…

Je rejoins Maé, qui elle aussi a fini.

-Lou ! Heureusement que tu es la hein… Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

Bah, surement d’autres amies, mais bon, je ne pense pas que ce soit le moment de la blesser.

-Bon, tout le monde est là c’est bon ? J’espère, parce qu’en cas de retard, la punition est de cinq heures de travaux domestiques. Nous allons maintenant nous rendre au lieu où vous passerez le reste de votre enfance, sauf si vous partez avant, bien sûr. Asseyez-vous dans la navette maintenant.

Nous  nous exécutons en silence. Nous somme tous un peu angoissés. C’est le premier jour de notre nouvelle vie, notre vie d’adultes.           

-Je commence à stresser là, en plus, il y a plein de garçons autour de nous !

-Justement, c’est excitant, et puis les profs ont dit de ne pas s’inquiéter.

-Oui je sais mais bon…

-Silence ! Le trajet dure 30 minutes, en attendant, je vais vous distribuer vos emplois du temps à chacun, quand j’appellerai votre nom,  vous viendrez le chercher.

-Arya Mélanie !

Une jeune fille à l’air timide se lève, et va chercher son emploi du temps en tremblant ; le directeur continue à distribuer les emplois du temps, quand j’entends mon nom.

Maé me presse la main en signe d’encouragement. Je rejoins le directeur et prends le papier qu’il me tend, puis retourne à ma place.

-Alors ? C’est comment, il y a quoi comme matières ?

-Ouah, il y a plein de choses, il y a même des séances                                                d’apprentissage au combat rapproché, et ils vont nous apprendre à tirer !          

-Carrément ! Et bien je ne te vois pas devenir soldat toi, tu les garderas pas longtemps ces sections je pense !

-Bah, c’est vrai que je n’ai pas une carrure très imposante, mais je suis quand même rapide !

-C’est vrai.

Le directeur appelle Maé.

Elle va chercher son emploi du temps, puis me regarde d’un air étonné.

-C’est marrant on a le même.

-Je suppose qu’ils nous ont divisé en plusieurs groupes, et qu’après ils nous orienteront.

-Ouais, en attendant on est ensemble pour tous les cours !

-Tant mieux.

J’observe les gens autour de moi. C’est la première fois que je vois autant de garçons autour de moi, c’est très étrange. La plupart discutent avec leurs amis, ou observent ce qui les entoure, comme moi.

-Les enfants, on arrive, rassemblez vos affaires !                       

Je regarde par la fenêtre, et voit une ville, qui a l’air de dater du XXe siècle, vide, aux murs tagués, remplis d’immeubles délabrés.

-C’est quoi ça ? On va vivre dans une ville fantôme ? Rien que pour nous ?

- Je ne sais pas, je te rappelle qu’on est beaucoup.

La navette s’arrête brusquement, en faisant tomber quelques personnes. Nous sortons, en regardant autour de nous d’un air ahuri.

-Voici votre nouvelle résidence, cette ville se nomme Marseille, c’était autrefois une grande ville, mais la guerre a fait fuir sa population. Nous l’avons entièrement rénovée, je vais vous appeler par groupe, chaque groupe occupera un quartier de cette ville et tous les membres d’un groupe suivront les cours ensemble. Dit le directeur.

-On a une ville entière rien que pour nous ! Tu te rends comptes !

-Oui mais attends, il va nous appeler la.

Nous sommes dans le groupe 5, nous occuperons le quartier sud, au bord de la mer.

Notre groupe est composé de 25 filles, les groupes ne seront pas mixtes jusqu’au sectionnement.

Une femme nommée Barbara, qui sera notre Professeur pendant les deux premiers mois, nous guide jusqu’à l’immeuble où nous vivrons. C’est un grand bâtiment en béton gris, tout triste. Il y a                      beaucoup d’étages et le toit est une grande terrasse. Des escaliers de secours en colimaçon sont visibles à l’extérieur de l’immeuble. Un grand H est inscrit sur une des façades.

-Les dortoirs sont divisés en cinq chambres de cinq, les appartements des professeurs sont au premier étage, vos chambres au deuxième, la bibliothèque est au troisième, avec les salles de jeu, la cafeteria est au quatrième étage, tous les autres niveaux sont consacrés aux cours. Je vous laisse vous installer, rendez-vous ici dans une heure, les retards ne seront pas acceptés. Nous indique-t-elle de sa voix perçante.

Maé et moi partageons la chambre avec trois autres filles ; deux meilleures amies comme nous et une autre à l’air timide.

-Salut, moi c’est Emma, et elle c’est Anna. Dit la plus grande des deux filles, elle est très belle avec ses cheveux lisses lui arrivant jusqu’aux omoplates, mais mon regard fut attiré par la deuxième, elle est plus petite, mince, souriante, et ses cheveux châtains ondulés sont tout simplement magnifiques.

-Maé, et voilà Lou. Et toi, tu t’appelles comment ? demanda-t-elle à la jeune fille timide.

-Euh, Marie, je m’appelle Marie.

-OK, on devrait y aller, c’est bientôt l’heure.

-J’espère qu’on ne va pas se perdre, ces couloirs me paraissent interminables !

-On va s’habituer je pense.

Barbara nous attend dans le hall d’entrée, tout le monde est arrivé sauf deux retardataires.

Puis elles arrivent, en ***fant, ne se rendant pas compte que tout le monde les regarde.

-Mesdemoiselles, vous êtes en retard, cela tombe bien, je m’apprêtais à énoncer votre nouveau règlement, il est en place à partir de maintenant, vous subirez donc la punition qui se doit.

Alors, premièrement, en cas de retard,  vous effectuerez cinq heures de travaux domestiques, comme faire le ménage, la cuisine etc…

Deuxièmement, il est interdit de sortir de son dortoir la nuit.

Troisièmement, les repas auront lieu à la cafeteria tous les jours à la même heure : entre sept et neuf heures pour le petit déjeuner, entre 8h30 et 10h30 le week-end ; entre 12h et 13h30 pour le déjeuner, et entre 19h30 et 21h pour le diner. Vous ne pouvez pas manger en dehors de ces horaires, sauf si achetez quelques friandises à la salle de jeu.

Quatrièmement, à 22h, tout le monde est au lit.

Cinquièmement, aucun élève d’un autre groupe n’est autorisé à entrer dans ce bâtiment, vous êtes séparés pendant deux mois, ce n’est pas très long.

Les cours commenceront demain, toutes les précisions sont inscrites sur votre emploi du temps, les salles, les horaires, les étages, tout. Vous êtes autorisés à sortir découvrir la ville mais évitez de sortir de votre quartier. Vous avez des questions ?

Tout le monde reste silencieux.

 -Bien, les deux retardataires, suivez-moi, vous allez commencer votre punition dès maintenant, aux cuisines.

-Tu viens, on va visiter ! me lança Marie.

-Bonne idée.

Le bâtiment n’est pas très grand, et ma pièce préférée est la salle de jeu, pas pour ses jeux-vidéos ou ses ordinateurs, surtout pour la chaine-hifi et la peinture. La peinture, j’en fais depuis que j’ai six ans, c’est le seul domaine où je suis à peu près douée. J’aime peindre, représenter des scènes de ma vie, puis les mettre dans un grand classeur et revoir toute mon existence, c’est très agréable et tous les meilleurs moments que j’ai vécus sont dedans.

Le soir, à la cafeteria, je mange avec Anna, Emma et Marie. Marie mange toute seule à une table non loin de là.

-Tu peux venir manger avec nous si tu veux. Propose gentiment Maé.

-Bonjour, euh, c’est gentil de m’avoir invité à votre table.

On finit de manger et on va dans notre chambre.

On discute un peu, puis on va se coucher, on est toutes épuisées.




~~~

 

-Lou réveille-toi on va être en retard !!

-Quoi ? Il est quelle heure ?

-8h50 !

-Quoi ? Mais les cours commencent dans dix minutes ?!

-Oui, du coup on n’aura pas le temps de manger !

-OK j’arrive, je suis prête dans 30 secondes.

-Dépêche-toi, on a cours d’anglais en 1ere heure, c’est au 5étage, salle 536.

On arrive dans la salle toutes essoufflées, pile à l’heure. Barbara entre dans la salle juste après.

-Bonjour les filles ! En cette première phase de l’apprentissage, nous allons tester vos compétences dans tous les domaines, afin que vous ayez un métier adapté à vos compétences, donc, je vous demande de ne pas tricher car cela ne sert strictement à rien, sinon à vous désavantager. Installez-vous.

-Nous allons commencer par le cours de français, je vous présente Mme Jouvence, votre professeur de littérature et de langue.

Une vieille femme entre dans la pièce, courbée en deux, on a l’impression qu’elle va se briser en mille morceaux si on la touche. Ses yeux gris métalliques nous observent quelques secondes, puis elle déclare, d’une voix étonnamment claire :

-Bonjour les enfants, je suis Mme Jouvence, et je serais votre professeur de français pendant les deux mois qui suivent.

Le cours se passe bien, le professeur arrive à capter notre attention.

La matinée continue, nous avons ensuite cours de physique-chimie, mais cela ne change pas vraiment du lycée.

A 11h, nous nous rendons en salle 856 pour le cours de combat rapproché.

-Tu penses qu’on va apprendre quoi en combat rapproché ? Et à quoi ça nous servira ? Me demande Maé.

-Je ne sais pas, peut-être pour ceux qui deviendront soldats.

-Dans ce cas, pourquoi ne mettent-ils pas ce cours dans la phase deux, spécialisée pour les militaires ?

Je n’ai pas le temps de répondre qu’un jeune homme, au corps fin et musclé pénètre dans la salle. Nous l’observons toutes, ahuries. Il est très beau, il a des yeux bleu-gris, les cheveux châtains un peu désordre et la peau légèrement bronzée. Les traits de son visage sont symétriques, il a la mâchoire assez carrée, et  ses dents sont si blanches qu’on les croirait peintes. Il nous regarde avec un sourire étincelant.                                                                                                                                                                   

-Bonjour les filles ! Je suis Max, et je vous enseignerai l’art du combat.

Nous le fixons, bouche-bée.

-Bon, il semblerait que cette année j’ai affaire à des poissons… Mais ce n’est pas grave, vos progrès n’en seront que plus flagrants.

Aucune réaction.

- Allez on se réveille ! Pour commencer, on va faire des tours de stade, allez courez !

Nous courons donc pendant plusieurs minutes, sans cesser de le regarder.

-Comment ça se fait qu’on ait un prof aussi jeune ? Il a l’air d’avoir seulement une vingtaine d’années. En plus je croyais qu’on ne pouvait avoir que des femmes comme professeurs les deux premiers mois. Nous demande Emma.

-Je ne sais pas, c’est vraiment bizarre. Lui répond Maé.

On continue de courir, silencieuses.

-Maintenant faites des groupes de deux ! On va apprendre les tech***s de combat.

Toutes les filles se mettent par deux, je me place à côté de Maé, mais Marie se retrouve toute seule. Nous sommes un nombre impair.

-Bon toi tu es toute seule, viens avec moi.

Toutes les filles jettent un regard assassin à Marie, qui s’avance timidement vers Max.

-Alors voici la première tech*** :

Il fait une prise sur Marie, qui s’écroule immédiatement par terre. Puis il recommence plus lentement afin que l’on puisse mieux voir. Il explique  tout en montrant l&rsquo***mple sur Marie, qui passe son temps à tomber et se relever.

-Maintenant essayez à deux.

Maé et moi essayons, mais on ne réussit pas très bien. Au bout d’une demi-heure, j’arrive enfin à effectuer la prise et Maé s’écroule. Je saute de joie, et Maé profite de ma distraction pour se jeter sur moi et me faire tomber.

-C’est de la triche !

-Mais non pas du tout ! Ce n’est pas dit dans les règles : « attendre que son adversaire soit prêt avant d’attaquer » !

Je pousse un cri de rage et nous nous battons, en riant aux éclats.

Fatiguées de ce petit « combat », nous nous écroulons toutes les deux par terre en éclatant de rire. Puis nous nous rendons compte que toute la salle nous observe en silence.

-Ceci n’était pas dans mon cours mesdemoiselles. Nous lance Max.

Nous nous excusons maladroitement, le sourire toujours fixé aux lèvres.

-Néanmoins, je vois que vous avez du potentiel, je vous donne donc une heure de retenue, que vous passerez ici tout à l’heure de 18h à 19h, à vous entrainer avec moi.

-Une heure de retenue juste pour ça ? Mais ce n’est pas juste ! S’insurge Maé.

-C’est moi qui décide de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. Continuez à vous entraîner.

Nous continuons donc jusqu’à la fin du cours, un peu moins joyeuses.

A la fin du cours, nous nous rendons au réfectoire pour déjeuner avec Emma, Anna, Marie et Maé.

-Oh lala vous avez trop de chance d’être en retenue avec Max ! s’exclame Emma après un long silence.

-De la chance ? Tu rigoles ? On s’est pris une heure de retenue dès le premier jour ! On pouvait pas faire pire.

-J’aimerais tellement être à votre place, après, on a tout essayé pour attirer son attention avec Anna, mais ça n’a pas marché.

-Vous êtes sérieuses ? C’est un prof ! Vous croyez qu’il va se passer quoi ? demande Maé.

-Bah, on sait jamais. Et toi Marie je suis sûre que tu as fait exprès de te mettre toute seule juste pour être avec lui !

-Quoi ? Non mais tu devrais arrêter… ça devient bizarre la…

Après le repas, il nous reste une heure, et Maé et moi décidons d’aller visiter un peu le quartier.

Le quartier est assez joli, la mer n’est pas loin, on sent son odeur salée et les cris des mouettes. De jolis immeubles assez anciens bordent la route. Tout est vide, aucune voiture sur la route, les feux de circulation sont éteints. Au bout e quelques minutes, nous trouvons l’entrée d’un parc. Maé s’avance et lit l’in ion presque effacée sur le panneau : « Parc Borély ».

-Un parc fantôme. On visite ?                                   

-Pourquoi pas.

Le silence est tel que nous nous sentons incapables d’émettre le moindre son. On n’entend que le bruit de nos pas sur les graviers et les cris des mouettes au loin.

Puis, nous tombons sur un ancien stand de location de véhicules. Nous regardons toutes les deux d’un air entendu.

-On regarde s’il y a des rollers ?

Depuis qu’on se connait, on ne se déplace pratiquement qu’en roller à Paris. Je me souviens de notre rencontre, en CP, je pleurais devant l’arrêt de bus parce que je l’avais encore raté. La maitresse m’avait prévenu, si j’arrivais encore une fois en retard à l’école, j’aurai une punition. A l’époque, avoir une punition était ma plus grande peur. Je redoutais la réaction qu’aurait pu avoir ma mère. Mon père venait de mourir dans un attentat commis par des terroristes, et elle travaillait beaucoup plus pour soulager sa peine. Je crois que le fait de me voir lui rappelait mon père, et que c’était trop dur pour elle. Elle partait travailler au département in atique le matin vers 7h et ne revenait que tard dans la soirée. A six ans, j’étais déjà toute seule, et je devais me débrouiller. Je crois que je ne lui ai jamais pardonné. Elle a fini par se remettre de sa dépression, mais ce n’était plus comme avant. Les moments de complicité qu’on avait étaient remplacés par des silences gênés.

J’étais donc devant cet arrêt de bus à pleurer, quand Maé est venue vers moi pour me demander ce qui n’allait pas. Je lui expliquée et elle s’est tout de suite exclamée :

-Mais ce n’est pas grave ! Si tu veux je te prête une paire de roller,  mon ancienne est trop petite, comme ça, on pourra aller à l’école plus vite !

Elle m’a donc prêté ses rollers. Au début, c’était dur, je tombais tout le temps, mais elle se montrait patiente et peu à peu, je commençais à m’améliorer. A midi, nous nous sommes rendus compte que nous avions passé la matinée à faire du roller et que avions manqué les cours, mais ce n’était pas grave, nous étions ensemble.

Ensuite nous étions tout le temps collées ensemble, à faire du roller. On cachait nos deux paires dans une ancienne benne à ordures qui ne servait plus dans la ruelle qui donnait sur la porte de derrière de ma maison et on allait les chercher dès qu’on avait du temps libre.

 

~~~               

 

Nous entrons dans la remise et cherchons des paires de rollers, mais on ne voit que de vieux vélos aux pneus dégonflés, une trottinette cassée en plusieurs morceaux, et des casques éparpillés par terre. Puis, alors qu’on s’apprêtait à abandonner, Maé aperçoit la sangle d’une vieille paire de rollers qui dépasse d’un carton à moitié caché par une pile de vélos.

-La ! s’écrie –t-elle, surexcitée.

Nous poussons tous les vélos, et nous voyons une douzaine de cartons tous remplis de rollers, de toutes sortes.

-Ah des rollers ici ! Comme je suis contente, je voulais les emmener mais on n’a pas le droit.

-Oui c’est dommage.

Nous nous trouvons chacune une paire à notre taille, puis sortons toutes excitées.

 -On fait la course ? Le première qui arrive au château là-bas a gagné d’accord ? Dis-je tout en m’élançant.

-Eh ! Tu es partie en avance ! Espèce de tricheuse !

Nous roulons, les cheveux dans le vent, riant aux éclats. Nous avons l’impression d’être de nouveau à Paris.                             

-J’ai gagné ! Je m’exclame.

-Je t’ai laissée gagner.

-Mais bien sûr !

-Si si je t’assure. Je suis bien meilleure que toi, et tu le sais !

Je la pousse doucement en faisant mine de m’insurger, mais elle ne répond pas à mon « attaque » et se contente de me  lancer un sourire joyeux.                                    

-Oh non, il est déjà 13h25 ! Les cours reprennent dans cinq minutes ! Si on arrive en retard on va se prendre cinq heures de travaux domestiques !

Nous roulons aussi vite que possible jusqu’à notre immeuble, puis courons dans les escaliers, en chaussettes, et les rollers dans la main. Nous avons oublié nos chaussures dans l’entrepôt ou nous avons trouvé les rollers.

-Cours d’arts plastiques, septième étage ! Courage !

Nous arrivons devant la salle essoufflées, toutes rouges et couvertes de sueur. Le professeur n’est pas encore arrivé. Toute la classe nous observe d’un air médusé. Nous éclatons de rire, ce qui a l’air de les étonner encore plus.

Puis une jeune femme de très petite taille (elle est encore plus petite que moi, qui mesure un mètre 63 !), une magnifique tignasse dorée lui tombant sur les épaules, vêtue seulement d’un short en jean et d’un t-shirt blanc un peu trop court , qui dévoile une partie de son ventre arrive. Elle a un visage enfantin, la peau légèrement bronzée, les joues roses, le sourire jusqu’aux oreilles. On dirait qu’elle a notre âge. Nous restons bouche-bée, A paris, il est interdit de se vêtir ainsi, en montrant autant son corps. On ne peut pas montrer son corps avant d’avoir choisi son partenaire, et quand on est marié, il est très mal-vu de sortir comme ça.

-Bonjour les filles ! Je m’appelle Maude, et je serai votre professeur d’arts plastiques. Je suis désolée je suis un peu en retard. Entrons.

Nous découvrons une immense salle, avec des tables, un grand tableau noir, des chevalets, des ordinateurs équipés de tablettes graphiques, des statues, et de nombreux placards contenant sans doute le matériel.

Maude ouvre tous les placards, regarde ce qu’il y a dedans, lance des cris de joie, sort des objets, elle a vraiment l’air radieuse. Elle découvre la salle en même temps que nous, et cela a l’air de l’enchanter. Puis elle pose ses affaires sur le bureau du professeur et commence à s’installer. Au bout de cinq minutes, la salle est déjà en désordre.

-Je suis très heureuse d’être votre professeur les filles. C’est ma première année de travail, je viens de finir mes études ! Mais installez-vous je vous en prie. Sa voix a du mal à cacher son excitation.      

-Pour le premier cours, je veux d’abord que vous me montriez vos capacités. Prenez une feuille et faites ce que vous faites pour le mieux. Faites ce que vous voulez. Vous pouvez peindre, dessiner, faire du collage, du fusain, ce que vous voulez ! Dans une heure je ramasse vos feuilles ! Donc ne faites pas quelque chose de trop compliqué !

-Madame, on n’a aucune règle ? On fait vraiment ce qu’on veut ? Vous ne nous demandez rien ? demande une fille, Marlène je crois.

-Ce que vous voulez ! Et appelez-moi Maude. Et vous pouvez me tutoyer !

-C’est la prof la plus bizarre que j’aie jamais vu. Me chuchote Maé.

-Ca tu peux le dire !

Je vais chercher de la peinture acrylique et je commence à peindre.

Je peins ma maison, mais en toutes les saisons. La vigne vierge qui recouvre les murs est tantôt verte et feuillue, tantôt rouge, ou morte. Je représente la benne à ordures qui contient nos rollers, légèrement entrouverte, afin qu’on puisse voir un bout dépasser. A chaque fenêtre, on voit l’ombre d’une silhouette. A travers celle de la cuisine, on voit l’ombre de ma mère, en train de se raser la tête, sur une autre, on aperçoit mon père, même s’il est décédé depuis de nombreuses années. Il est en train de me fabriquer une boite en bois. Celle qu’il m’a offerte le jour de sa mort. A travers la fenêtre de ma chambre, on voit deux enfants, Maé et moi en train de faire un jeu de main. Sur le toit, la cheminée crache de la fumée aux reflets multicolores, et un chat noir s’amuse avec. Le ciel est différent partout, par endroits il est sans aucuns nuages, à d’autres on voit des nuages qui font pleuvoir ou neiger. Ici il fait nuit et là il fait parfaitement jour. Des dégradés de couleur adoucissent le tout, pour ne pas le rendre trop étrange. Même si le tout est quand même étrange, mais étrange d’une manière que j’aime.                                      

Quand la sonnerie retentit, je regarde le résultat obtenu, ce n’est pas mon meilleur ouvrage, mais j’en suis fière. Je le rends à Maude le sourire aux lèvres.

-Bien ! Je vois qu’il y a des artistes dans mon cours !

Je ne sais pas pourquoi, mais aucun compliment ne pouvait me faire plus plaisir. Depuis toujours, je rêve de devenir peintre, et j’espère qu’à la fin de l’Apprentissage on m’attribuera un métier artistique.

La journée se termine sans encombres, nous avons cours de mathématiques, d’histoire et de sciences.

A 18h, nous nous rendons en salle 856 pour notre heure de retenue avec Max.

-Bonjour les filles ! Allez-vous mettre en tenue. On sort.

-On sort ?

-J’ai dit « Allez vous mettre en tenue » !

Nous allons dans les vestiaires et enfilons un short et des baskets. Il fait très chaud à Marseille, et nous ne sommes qu’en septembre. Nous rejoignons Max, qui s’étire.

-Bon les filles aujourd’hui on va courir en ville.

-On va courir ? Mais on ne s’entraine pas au combat rapproché ?

-Non, on court, c’est une heure de retenue, pas un cours particulier.

Nous le suivons dans les escaliers –« on ne va quand même pas utiliser l’ascenseur, vous êtes punies »- puis nous descendons dans la rue. Il commence à courir et nous le suivons en silence. Il court vite mais nous avons l’habitude de courir : il y avait une période où Maé, persuadée qu’elle devait maigrir, voulait courir très souvent. Nous courions pratiquement tous les soirs après les cours.

-Vous courez pas si mal, pour des gamines.

-On n’est pas des gamines, on a quoi, 5 ans de moins que toi ? Demande Maé, et je vois bien qu’elle cherche à savoir son âge.

-En fait, je n’ai que 19 ans.

-19 ans ? Mais tu as déjà fini ton apprentissage ?

-Non, c’est ma dernière année, et on m’a attribué ce poste afin que j’améliore mes compétences.

-Je vois.

Nous passons devant une grande statue au centre d’un rond-point qui représente un pouce tendu. Elle mesure environ six mètres de haut.

-Qu’est-ce que c’est que ça ?

-Le pouce de César. Répond Max

-César ? Qui est-ce ? Son pouce n’est pas aussi grand quand même ? Interroge naïvement Maé.

-César était un sculpteur du XXème siècle. Et c’était un grand général romain pendant l’antiquité. Et non son pouce ne fait pas cette taille. C’est une sculpture agrandie.

-C’est étrange. Pourquoi faire une statue d’un pouce ?

-Tu n’as qu’à lui demander.

-Ahah, très drôle.

Nous continuons notre chemin.

Arrivés devant le bâtiment H, Max s’arrête.

-On a fini ? On peut rentrer ? demande Maé.

Max ne répond pas, mais nous fixe intensément. Comme s’il cherche à apprendre quelque chose. Je baisse les yeux, gênée, mais Maé soutient son regard.

Au bout de quelques instants, il se détourne.

-Vous pouvez y aller. Votre punition est terminée.

Puis il s’élance sans attendre une réponse de notre part. Maé et moi nous regardons, perp***, puis nous entrons à notre tour.

 

~~~

 

Le soir, dans mon lit, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je repense à ma première journée d’apprentissage. L’emploi du temps est chargé, les journées finissent tard. Je vais devoir m’habituer, même si je n’ai jamais eu besoin de beaucoup de sommeil.

Puis mes pensées dérivent vers Max. Il a eu un bien étrange comportement tout à l’heure… Pourquoi nous fixait-il ainsi ? Que cherchait-il ? C’était… effrayant.

Le sommeil ne vient vraiment pas, alors je décide de me lever. Il ne sert à rien de rester dans son lit sans rien faire non ?

Je ne sais pas si j’ai le droit de sortir de ma chambre la nuit, j’essaie donc de rester discrète. Je me dirige naturellement vers la salle de jeux.

Une fois arrivée, j’allume la lumière et regarde autour de moi. Puis j’aperçois le chevalet, sur lequel  est posée une toile vierge. Une palette et de la peinture sont posés sur une table à côté. Sans réfléchir, je me mets à peindre. Je ne réfléchis pas au résultat, ma main bouge toute seule. Je suis comme plongée dans une sorte de transe. Je suis inconsciente, ma main agit, les couleurs dansent sur la toile. Au bout d’un certain temps, que je ne saurais évaluer, je m’arrête. J’observe le résultat. Des tas de couleurs, de tâches, d’arabesques recouvrent la toile blanche. Le tout ne représente rien, juste des couleurs, des émotions. C’est la première fois que je peins quelque chose d’abstrait. Les professeurs nous répètent sans arrêt que l’abstrait est un art stupide, pour les simples d’esprit. Pourtant, je regarde mon œuvre, et je suis contente. C’est la première fois depuis bien longtemps que je suis si sereine. Comme si le fait de peindre avait fait disparaitre mes tracas, je ne pensais à rien, je peignais, j’imprimerais mes pensées sur la toile. Ou plutôt, mes pensées s’imprimaient sur la toile. En quoi est-ce un mal ? Ce n’est pas parce que ça ne représente rien de réel que ça ne veut rien dire ! Au contraire, il y a bien plus de significations en ces motifs qu’en un simple paysage !

Tout à coup, j’entend un bruit dans le couloir. Paniquée, je cours éteindre la lumière et m’élance, cherchant une cachette.

Trop tard ! J’ai dû être trop lente, car déjà je vois l’ombre d’une silhouette qui entre.

-Il y a quelqu’un ? Lance une petite voix, presque joyeuse.

J’ai déjà entendu cette voix… Mais où ? Soudain, la lumière s’allume et je découvre enfin qui est entré. C’est Maude, notre professeur d’arts plastiques !

Nous nous regardons, aussi stupéfaites l’une que l’autre.

-Qu’est-ce que tu fais la ? me demande-t-elle.

-Euh… Je n’arrivais pas à dormir. Balbutiai-je.

-Encore une insomniaque. Soupira-t-elle. Comme ça on est deux ! s’écria-t-elle, comme si c’était la chose la plus extraordinaire qui lui arrivait.

Puis elle aperçoit ma peinture. Aie, que va-t-elle dire ? Elle va surement s’énerver, l’art abstrait est interdit, les professeurs nous le répètent tout le temps !

-C’est toi qui as fait ça ?

-Euh… Oui ?

Elle reste silencieuse un moment. Perdue dans ses pensées.

Pendant ce temps, je me prépare psychologiquement à ce que je pourrais dire pour me justifier… Je sais ! J’étais somnambule, donc ce n’est pas de ma faute si je me suis levée, que j’ai quitté ma chambre, monté un étage, suis allée dans la salle de jeux et peint ! En plus je ne me suis pas rendue compte de ce que j’ai peint ! Oui, ça se tient tout à fait ! Enfin je l’espère…

Puis, sans que je m’y attende, elle prend la parole.

-C’est pas mal du tout !

Je la regarde ahurie. Elle ne me réprimande pas ? Non ? Elle me félicite ? Je rêve !

Avant que j’ai le temps de répondre quoi que ce soit, la porte s’ouvre… sur Max !

Ca alors, mais que fait-il ici ?! Mais cette salle est une réunion ou quoi ? Pourquoi tout le monde est ici en même temps au beau milieu de la nuit ?

Il nous aperçoit, et se fige.

Maude s’écrie immédiatement :

-Ca alors, un autre insomniaque, comme c’est excitant !

Nous la regardons bouche bée. Pourquoi est-elle si joyeuse ?

-Euh… Je ne m’attendais pas à une telle foule. Commença Max. Puis ses yeux se posèrent sur moi. Il fronça les sourcils.

-Qu’est-ce que tu fous ici toi ?

-Euh… C’est-à-dire que…

-Elle était en train de peindre, et pas n’importe quoi ! Regarde ! S’exclame Maude en désignant ma peinture, qui représente justement… N’importe quoi !

-Ah. Puis il replongea dans ses pensées.

Nous restons un moment silencieux tous les trois, sans bouger.

Maude finit par rompre le silence.

-C’est marrant qu’on se soit tous rendus au même endroit vous ne trouvez pas ? On aurait pu aller je sais pas moi, dehors, ailleurs !

-En fait je comptais aller dehors. Je suis juste venu ici pour chercher quelque chose. Commence Max.

-Chercher quelque chose ? Vraiment ? Quoi ? Et tu voulais aller faire quoi dehors ? Cherche à savoir Maude, surexcitée.

-Euh… Je comptais aller me baigner… J’aime bien les reflets de la mer la nuit. J’ai repéré une plage pas mal pas loin.

-Excellent ! Allons-y ! S’écrie Maude.

Je commence à faire demi-tour, pour rentrer dans ma chambre, quand elle s’adresse à moi.

-Eh, tu vas ou toi ? Tu viens avec nous !

-Euh… Je ne crois pas que j’aie le droit, je devrais retourner me coucher.

-Mais si je t’y autorise ! Allez, j’insiste !

Max essaie de prendre mon parti, mais Maude veut absolument que je les accompagne.

Nous partons donc chercher nos maillots de bain. J’essaie de ne pas réveiller les autres filles, puis je descends au rez-de-chaussée, nous avons rendez-vous devant l’ascenseur.

Max y est déjà, mais Maude n’est pas encore arrivée.

-Alors comme ça tu es venue… Audacieux.

-Eh je voulais pas venir moi ! C’est Maude qui a insisté !

-Ouais, n’empêche que si on nous trouve dehors la nuit ensemble, on risque pas mal, enfin surtout toi.

-Pourquoi, t’as peur toi ? Le grand Max, bientôt diplôme militaire ?

Max me lance un regard noir.

-Peut être que tu te crois exceptionnelle parce que Maude te traite comme si vous étiez copines, mais c’est pas mon cas. Pour moi, t’es qu’une ado stupide qui se la joue importante.

Un grand silence s’abat. Heureusement Maude arrive, comme d’habitude d’excellente humeur.

-Allez, maintenant, direction la plage !

Nous suivons donc Max, qui nous fait traverser la ville, jusqu’à une petite plage de sable blanc. C’est une petite crique, la mer est pratiquement transparente, et elle se jette contre la plage, causant un nuage d’écume.

-Il y a pas mal de courant, faites gaffe. Nous prévient Max tout en se déshabillant.

Je détourne le regard gêné. J’aurais dû penser à me changer ! Comment je vais faire pour me mettre en maillot de bain maintenant alors qu’ils sont justes à côté ?

Maude remarque mon trouble, et me propose gentiment de me cacher avec sa serviette pendant que je me change. J’accepte avec joie, puis je fais de même pour elle.

-Quelles petites prudes ! Se moque Max.

Maude ne réponds rien, et court vers la mer. Je la suis.

C’est un moment inoubliable, sentir le sable s’enfoncer sous ses pieds, ses jambes avancer, se rapprochant du but, la mer. La mer qui gronde, son parfum salé s’insinuant partout, caressant doucement le nez, piquant un peu. Le vent fait voler mes cheveux, ils me fouettent le visage, me cachent les yeux, mais quelle importance ?

Puis je la sens, Elle. La mer. Elle s’enroule autour de ma cheville, comme si elle essayait de m’attraper. C’est comme si elle respirait, elle monte et descends, laissant sur mes jambes une trainée d’eau.

Quel dommage que Maé ne soit pas la ! Elle aurait adoré ! Elle qui rêve toujours de liberté, voir cette étendue d’eau infinie, s’étalant à perte de vue… C’est la première fois que je vois la mer, à Paris, on ne voit que la Seine, nettement moins large, et sale. Quand on voit la Seine, on a envie de partir le plus loin possible, alors que la, quand je vois cette eau, je n’ai qu’une envie, m’y plonger entièrement.

Je rejoins donc Maude qui nage déjà tranquillement. J’ai appris à nager à la piscine municipale, heureusement. Nous nageons longtemps, Maude et moi à côté, et Max un peu plus loin. Puis nous finissons par retourner sur la plage, fatigués.

Maude s’allonge sur sa serviette, et je fais de même. Maude sort alors une espèce de boite de son sac. Elle l’ouvre, et en sort un petit objet blanc, comme un petit bâton de la longueur d’un doigt, mais plus fin.

-Vous en voulez une ? Nous propose–t-elle.

-Qu’est-ce que c’est ? S’exclamons-nous en même temps.

Elle rigole devant nos airs surpris.

-C’est une cigarette. Vous n’en avez jamais vu ? En même temps c’est vrai qu’ils ont interdit la consommation et la *** de tabac à la création de la nouvelle société, après les jours Sombres. Au début c’était difficile, les gens voulaient ne pas arrêter, mais les années ont passé, et ces petites choses ont finies par être oubliées. J’ai trouvé tout un entrepôt rempli de caisses, elles-mêmes remplies de cigarettes en ville. Depuis je me sers.

Nous la regardons bouche-bée. Qui est cette fille, si libre et insouciante, toujours excitée, qui brave les interdits comme si c’était la chose la plus banale ?

-Mais… A quoi est-ce que ça sert ?

-Ca se fume, et ça calme. Regarde.

Curieux, Max et moi décidons d’essayer. Nous nous mettons à tousser dès que la fumée s’insinue dans nos gorges.

Maude éclate de rire.

-Ca fait souvent ca au début, mais on s’habitue.

 

Personnellement, j’ai détesté cette sensation. Cette fumée a un gout infect et fait mal à la gorge ? Quel est l’intérêt ?

Nous discutons un peu, enfin, surtout Maude, raconte des anecdotes de sa vie d’un ton joyeux, elle nous fait beaucoup rire.

Enfin, Max se lève.

-Le jour va bientôt se lever, il est temps de rentrer.

Nous le suivons donc jusqu’à notre bâtiment, en silence. Une fois arrivés, nous nous séparons. Ils retournent à leur chambre ensemble tandis que j’emprunte les escaliers de secours à l’extérieur de l’immeuble.

-Bonne nuit ! Me lance joyeusement Maude.

-Euh… Bonne nuit… Maude.

-Eh, Lou, tu ne parles pas de ce qu’on a fait cette nuit, hein, ça n’aurait pas dû se produire et ça n’arrivera plus, donc pas la peine de le partager. Me dit Max, en me regardant droit dans les yeux.

-Oui, bien sûr. Je fais aussitôt demi-tour et cours me recoucher.

Dans la chambre, les filles dorment toutes. Heureusement, comme ça je n’aurais pas à trouver de mensonges… Je m’endors au bout d’une éternité.

 

 

~~~         

 

Ce jour-là, je ne me réveille pas en retard, et même en avance. Je me prépare avec les autres filles de ma chambre qui papotent de l’apprentissage et de ce qui les attend. Quant à moi, je reste silencieuse. Je n’arrête pas de penser à cette nuit, et j’ai l’impression que ce n’était qu’un rêve. Comment ceci pourrait-il être réel ?

-Lou ! Aujourd’hui tu n’es plus une enfant ! S’écrie Maé, un sourire lui barrant le visage. Je vais donc te maquiller !

Depuis ses quatorze ans, Maé se maquille pratiquement tous les jours. Moi, j’ai toujours trouvé ça stupide, et surtout une perte de temps. Et Maé s’était fixé comme objectif de me convaincre d’enfin me maquiller.

Je soupire et regarde Maé, elle a l’air très sérieuse.

-Bon d’accord, un tout petit peu alors.

Maé saute de joie en riant et criant.

-Enfin ce jour arrive ! Comme je suis heureuse !

Je m’esclaffe mais ne dit rien, sa joie fait plaisir à voir.

Elle saisit son énorme trousse remplie de multiples produits inconnus à mes yeux, puis me fixe sans bouger d’un air si concentré et sérieux que je ne peux m’empêcher d’éclater de rire.

-Tu as les yeux verts, peut-être qu’un fard prune…

-Wow ! Pas de violet sur mes yeux !

-Mais ça t’irait trop bien !

-Non !

Elle finit donc par mettre un peu de fard à paupière beige et taupe, en dégradant vers l’extérieur, puis un peu de mascara. Le tout est assez naturel, les fards ne sont pas trop foncés, et j’avoue que cela me va plutôt bien.

Nous allons ensuite petit-déjeuner puis nous rendons en cours. Je n’écoute pas vraiment ce que disent les professeurs. Je reste plongée dans mes pensées. En fait, ces cours ne sont pas si différents du lycée, pourquoi les intégrer à l’apprentissage, ils pourraient choisir notre domaine d’études directement à la fin du lycée…

A la pause déjeuner, Maé et moi décidons de prendre un sandwich et de sortir le manger dehors. Nous retournons au parc Borély en rollers, afin de récupérer nos chaussures et de manger tranquillement au soleil. Il fait chaud, et nous avons profité de ne plus avoir à porter l’uni e du lycée pour nous habiller comme nous le voulons. Nous avons toutes les deux un  short en jean, un léger t-shirt et des baskets. Nous mangeons en silence, assises en tailleur sur un banc en face d’un étang.

-Ca va ? Tu sembles ailleurs aujourd’hui… Tout va bien ? Me demande Maé.

-Oui… C’est juste que tout est nouveau pour moi. Je me sens tellement libre… Et puis…

-Et puis ?

-Cette nuit je suis sortie parce que je ne pouvais pas dormir, et j’ai croisé Maude et Max, et…

-Et ?

-J’ai passé toute le nuit avec eux.

-Quoi ?

Je lui raconte tout dans les moindres détails. Elle me regarde avec des yeux ronds.

-Donc ça y est maintenant tu te sens grande, tu traines avec des profs ? Je suis plus assez bien pour toi c’est ça ?

-Mais non pas du tout Maé.

-Non je te taquine. Mais c’est génial !

-Euh… Génial, je ne sais pas. Bizarre, oui.

-Tu aurais dû me réveiller cette nuit, je t’aurai accompagnée… J’aurais pu faire connaissance avec Max !

-Euh… En fait j’ai plutôt parlé avec Maude, je crois que Max n’aime pas trop parler…

-Alors on va le décoincer ! S’écria-t-elle en se levant d’un bond. Bon, on rentre ?

Nous remettons nos rollers et repartons vers notre bâtiment, puis nous montons pour aller en cours. Nous avons cours d’in atique. Nous n’en avons jamais eu au lycée, je ne sais pas si cela va me plaire.

Mes pensées dérivent vers ma mère. Elle est in aticienne. Elle gagne une misère en passant ses journées à travailler au QGI, le quartier général in atique. Dans notre société nouvelle, nous ne gagnons pas d’argent en salaire comme cela se faisait avant. Ils choisissent notre logement en fonction de notre métier et de nos compétences, donc les ouvriers ont des moins bons logements que les ingénieurs : plus petits, moins biens placés ou lumineux. Mais ce n’est pas éternel, on peut se voir attribuer un meilleur logement si on travaille bien. Apparemment ce n’est pas le cas de ma mère…  Nous vivions à Paris dans un petit appartement dans un quartier assez pauvre et loin du centre-ville. Maé elle vit dans un appartement particulier ancien et magnifique en face de la tour Eiffel. Ses parents travaillent au sein du gouvernement.

La nourriture est donnée à tous les habitants selon leurs besoins nutritionnels. Si on veut autre chose, comme des friandises ou manger un repas au restaurant, il faut payer avec les PM, les points de mérite. On les obtient en récompense d’un bon travail. On peut aussi acheter avec des vêtements à la mode (en plus de ceux donnés par l’état) ou des objets de divertissement, de décoration, des loisirs, enfin tout ce qui n’est pas essentiel à notre survie, donc donné par le gouvernement.

Ainsi, les gens travaillent bien et sans se plaindre, car on peut avoir des malus si on ne se comporte pas bien. On peut aussi obtenir des PM à l’école, si on travaille bien. Par contre, les enfants ne peuvent pas avoir de malus, seulement des punitions. J’ai toujours fait de mon mieux, afin d’aider ma mère.Je me réveille en sursaut, toute transpirante, encore un cauchemar ! Et bien sûr, pas le moindre souvenir… 

Un coup d’œil dans le miroir, ouch un monstre apparaît devant moi. Ou plutôt une jeune fille qui a l’air d’avoir 12 ou 13 ans (loin de mes 16 ans d’origine), la longue chevelure rousse en bataille, le visage couvert de petites taches de rousseur,  avec deux tous petits yeux verts qui risquent de se fermer à chaque instant si je ne fais aucun effort. 

J’enfile  en vitesse l’uni e du lycée pour filles Sainte Hélène, c’est-à-dire  jupe plissée, chemise, et bien sur le petit gilet de coton ridicule ! Il parait qu’autrefois les écoles étaient mixtes, ça doit être bizarre, moi qui n’est jamais parlé à un garçon de ma vie. C’est interdit entre 8 et 16 ans. Ils veulent éviter qu’on se lie avec un garçon qui n’arrivera pas dans le même domaine que nous après l’Apprentissage. Dire que l’Apprentissage commence aujourd’hui ! J’angoisse un peu, mais bon, d’après nos professeurs, le but est de nous orienter correctement, on ne perd rien. 

-Lou, dépêche-toi tu vas être en retard ! 

Je m’appelle Louna, mais tout le monde m’appelle Lou, c’est vrai que c’est compliqué de dire un petit « na » en plus mais bon, j’aime bien ce surnom, c’est mieux que « Nana » ou je ne sais quoi. 

Je descends manger avec ma mère. Je la contemple un peu avant de m’assoir, son joli visage, son nez fin, ses yeux noisette. Elle est vraiment belle, quel dommage que son crane soit rasé, avec des cheveux, elle serait magnifique. Mais il faut respecter la loi, toutes les femmes veuves doivent se raser la tête après la mort de leur mari, afin qu’elles n’attirent pas d’homme et qu’elles n’aient pas de deuxième enfant, on ne peut avoir qu’un seul enfant par foyer. On m’a raconté que, avant l’époque sombre, on pouvait avoir autant d’enfants et se remarier autant de fois qu’on le voulait, on pouvait même divorcer, et choisir son métier ! Désormais, la société contrôle toute notre vie : notre métier, notre partenaire, notre foyer, tout est choisi par l’état, comme ça, nous ne faisons pas d’erreurs et ne sommes pas déçus. Grace à ce système, tout le monde est heureux, à sa place.

-Ça va ? Tu as l’air bien fatiguée, encore un mauvais rêve ? 

-Oui. 

-Tu as bien préparé ta valise ? Tu es sûre de ne rien avoir oublié ? 

-Oui, ne t’inquiète pas Maman. 

-D’accord, dans ce cas, allons-y. 

Nous sortons afin de prendre le bus, qui nous emmène jusqu’au lycée ou nous avons rendez-vous pour partir à l’Apprentissage. L’apprentissage, je ne sais pas en quoi il consiste –comme tous les enfants de moins de 16 ans d’ailleurs- mais je sais que tous les citoyens de 16 ans doivent le passer afin qu’on choisisse le métier qu’ils***rceront. 

Nous arrivons ensuite au lycée, ou une foule de parents et d’enfants attendent l’ouverture. 

-Lou ! Lance une voix dans mon dos.

Je fais volte-face, et me retrouve face à Maé.               

Maé, ma meilleure amie, ma seule amie d’ailleurs. Je ne comprends toujours pas elle m’apprécie, je n’ai rien d’exceptionnel, je suis juste une petite fille, ni belle ni laide, enfin, dans les normes quoi ! Alors qu’elle, Maé, c’est sans doute la plus belle fille de la ville ! Belle blonde de 1m80, charismatique, populaire, enfin un peu mon opposé.

-Alors, prête pour l’Apprentissage ?

-Je crois.

-Ça ouvre, entrons.

Nous avançons vers  l’entrée, moi un peu chancelante, et elle d’un pas serein et gracieux. Elle me serre la main et me lance un clin d’œil pour m’encourager. Je la regarde avec reconnaissance. Qu’est-ce que je ferais sans elle ?                                                                                                                                                     


~~~

 

-Comme vous le savez, aujourd’hui est un grand jour. En effet, c’est le début de l’apprentissage ou tous les enfants qui ont fêtés leurs 16 ans cette année vont être évalués. Les professeurs détermineront leur niveau et leurs points fort afin de les orienter correctement. Je rappelle que l’Apprentissage est la base de l’équilibre de notre société, il a été mis en place après l’époque sombre, afin d’améliorer la vie de tous les citoyens. Que tous les enfants concernés me suivent s’il vous plait, seules cinq minutes sont accordées pour les adieux.

-Adieu, ma fille.

-Arrête, dis pas ça on va se revoir !

-Bien sûr, j’irais te rendre visite si je le peux. Et maintenant va, il ne faut pas te faire remarquer le premier jour !

-A bientôt alors…

Je rejoins Maé, qui elle aussi a fini.

-Lou ! Heureusement que tu es la hein… Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

Bah, surement d’autres amies, mais bon, je ne pense pas que ce soit le moment de la blesser.

-Bon, tout le monde est là c’est bon ? J’espère, parce qu’en cas de retard, la punition est de cinq heures de travaux domestiques. Nous allons maintenant nous rendre au lieu où vous passerez le reste de votre enfance, sauf si vous partez avant, bien sûr. Asseyez-vous dans la navette maintenant.

Nous  nous exécutons en silence. Nous somme tous un peu angoissés. C’est le premier jour de notre nouvelle vie, notre vie d’adultes.           

-Je commence à stresser là, en plus, il y a plein de garçons autour de nous !

-Justement, c’est excitant, et puis les profs ont dit de ne pas s’inquiéter.

-Oui je sais mais bon…

-Silence ! Le trajet dure 30 minutes, en attendant, je vais vous distribuer vos emplois du temps à chacun, quand j’appellerai votre nom,  vous viendrez le chercher.

-Arya Mélanie !

Une jeune fille à l’air timide se lève, et va chercher son emploi du temps en tremblant ; le directeur continue à distribuer les emplois du temps, quand j’entends mon nom.

Maé me presse la main en signe d’encouragement. Je rejoins le directeur et prends le papier qu’il me tend, puis retourne à ma place.

-Alors ? C’est comment, il y a quoi comme matières ?

-Ouah, il y a plein de choses, il y a même des séances                                                d’apprentissage au combat rapproché, et ils vont nous apprendre à tirer !          

-Carrément ! Et bien je ne te vois pas devenir soldat toi, tu les garderas pas longtemps ces sections je pense !

-Bah, c’est vrai que je n’ai pas une carrure très imposante, mais je suis quand même rapide !

-C’est vrai.

Le directeur appelle Maé.

Elle va chercher son emploi du temps, puis me regarde d’un air étonné.

-C’est marrant on a le même.

-Je suppose qu’ils nous ont divisé en plusieurs groupes, et qu’après ils nous orienteront.

-Ouais, en attendant on est ensemble pour tous les cours !

-Tant mieux.

J’observe les gens autour de moi. C’est la première fois que je vois autant de garçons autour de moi, c’est très étrange. La plupart discutent avec leurs amis, ou observent ce qui les entoure, comme moi.

-Les enfants, on arrive, rassemblez vos affaires !                       

Je regarde par la fenêtre, et voit une ville, qui a l’air de dater du XXe siècle, vide, aux murs tagués, remplis d’immeubles délabrés.

-C’est quoi ça ? On va vivre dans une ville fantôme ? Rien que pour nous ?

- Je ne sais pas, je te rappelle qu’on est beaucoup.

La navette s’arrête brusquement, en faisant tomber quelques personnes. Nous sortons, en regardant autour de nous d’un air ahuri.

-Voici votre nouvelle résidence, cette ville se nomme Marseille, c’était autrefois une grande ville, mais la guerre a fait fuir sa population. Nous l’avons entièrement rénovée, je vais vous appeler par groupe, chaque groupe occupera un quartier de cette ville et tous les membres d’un groupe suivront les cours ensemble. Dit le directeur.

-On a une ville entière rien que pour nous ! Tu te rends comptes !

-Oui mais attends, il va nous appeler la.

Nous sommes dans le groupe 5, nous occuperons le quartier sud, au bord de la mer.

Notre groupe est composé de 25 filles, les groupes ne seront pas mixtes jusqu’au sectionnement.

Une femme nommée Barbara, qui sera notre Professeur pendant les deux premiers mois, nous guide jusqu’à l’immeuble où nous vivrons. C’est un grand bâtiment en béton gris, tout triste. Il y a                      beaucoup d’étages et le toit est une grande terrasse. Des escaliers de secours en colimaçon sont visibles à l’extérieur de l’immeuble. Un grand H est inscrit sur une des façades.

-Les dortoirs sont divisés en cinq chambres de cinq, les appartements des professeurs sont au premier étage, vos chambres au deuxième, la bibliothèque est au troisième, avec les salles de jeu, la cafeteria est au quatrième étage, tous les autres niveaux sont consacrés aux cours. Je vous laisse vous installer, rendez-vous ici dans une heure, les retards ne seront pas acceptés. Nous indique-t-elle de sa voix perçante.

Maé et moi partageons la chambre avec trois autres filles ; deux meilleures amies comme nous et une autre à l’air timide.

-Salut, moi c’est Emma, et elle c’est Anna. Dit la plus grande des deux filles, elle est très belle avec ses cheveux lisses lui arrivant jusqu’aux omoplates, mais mon regard fut attiré par la deuxième, elle est plus petite, mince, souriante, et ses cheveux châtains ondulés sont tout simplement magnifiques.

-Maé, et voilà Lou. Et toi, tu t’appelles comment ? demanda-t-elle à la jeune fille timide.

-Euh, Marie, je m’appelle Marie.

-OK, on devrait y aller, c’est bientôt l’heure.

-J’espère qu’on ne va pas se perdre, ces couloirs me paraissent interminables !

-On va s’habituer je pense.

Barbara nous attend dans le hall d’entrée, tout le monde est arrivé sauf deux retardataires.

Puis elles arrivent, en ***fant, ne se rendant pas compte que tout le monde les regarde.

-Mesdemoiselles, vous êtes en retard, cela tombe bien, je m’apprêtais à énoncer votre nouveau règlement, il est en place à partir de maintenant, vous subirez donc la punition qui se doit.

Alors, premièrement, en cas de retard,  vous effectuerez cinq heures de travaux domestiques, comme faire le ménage, la cuisine etc…

Deuxièmement, il est interdit de sortir de son dortoir la nuit.

Troisièmement, les repas auront lieu à la cafeteria tous les jours à la même heure : entre sept et neuf heures pour le petit déjeuner, entre 8h30 et 10h30 le week-end ; entre 12h et 13h30 pour le déjeuner, et entre 19h30 et 21h pour le diner. Vous ne pouvez pas manger en dehors de ces horaires, sauf si achetez quelques friandises à la salle de jeu.

Quatrièmement, à 22h, tout le monde est au lit.

Cinquièmement, aucun élève d’un autre groupe n’est autorisé à entrer dans ce bâtiment, vous êtes séparés pendant deux mois, ce n’est pas très long.

Les cours commenceront demain, toutes les précisions sont inscrites sur votre emploi du temps, les salles, les horaires, les étages, tout. Vous êtes autorisés à sortir découvrir la ville mais évitez de sortir de votre quartier. Vous avez des questions ?

Tout le monde reste silencieux.

 -Bien, les deux retardataires, suivez-moi, vous allez commencer votre punition dès maintenant, aux cuisines.

-Tu viens, on va visiter ! me lança Marie.

-Bonne idée.

Le bâtiment n’est pas très grand, et ma pièce préférée est la salle de jeu, pas pour ses jeux-vidéos ou ses ordinateurs, surtout pour la chaine-hifi et la peinture. La peinture, j’en fais depuis que j’ai six ans, c’est le seul domaine où je suis à peu près douée. J’aime peindre, représenter des scènes de ma vie, puis les mettre dans un grand classeur et revoir toute mon existence, c’est très agréable et tous les meilleurs moments que j’ai vécus sont dedans.

Le soir, à la cafeteria, je mange avec Anna, Emma et Marie. Marie mange toute seule à une table non loin de là.

-Tu peux venir manger avec nous si tu veux. Propose gentiment Maé.

-Bonjour, euh, c’est gentil de m’avoir invité à votre table.

On finit de manger et on va dans notre chambre.

On discute un peu, puis on va se coucher, on est toutes épuisées.




~~~

 

-Lou réveille-toi on va être en retard !!

-Quoi ? Il est quelle heure ?

-8h50 !

-Quoi ? Mais les cours commencent dans dix minutes ?!

-Oui, du coup on n’aura pas le temps de manger !

-OK j’arrive, je suis prête dans 30 secondes.

-Dépêche-toi, on a cours d’anglais en 1ere heure, c’est au 5étage, salle 536.

On arrive dans la salle toutes essoufflées, pile à l’heure. Barbara entre dans la salle juste après.

-Bonjour les filles ! En cette première phase de l’apprentissage, nous allons tester vos compétences dans tous les domaines, afin que vous ayez un métier adapté à vos compétences, donc, je vous demande de ne pas tricher car cela ne sert strictement à rien, sinon à vous désavantager. Installez-vous.

-Nous allons commencer par le cours de français, je vous présente Mme Jouvence, votre professeur de littérature et de langue.

Une vieille femme entre dans la pièce, courbée en deux, on a l’impression qu’elle va se briser en mille morceaux si on la touche. Ses yeux gris métalliques nous observent quelques secondes, puis elle déclare, d’une voix étonnamment claire :

-Bonjour les enfants, je suis Mme Jouvence, et je serais votre professeur de français pendant les deux mois qui suivent.

Le cours se passe bien, le professeur arrive à capter notre attention.

La matinée continue, nous avons ensuite cours de physique-chimie, mais cela ne change pas vraiment du lycée.

A 11h, nous nous rendons en salle 856 pour le cours de combat rapproché.

-Tu penses qu’on va apprendre quoi en combat rapproché ? Et à quoi ça nous servira ? Me demande Maé.

-Je ne sais pas, peut-être pour ceux qui deviendront soldats.

-Dans ce cas, pourquoi ne mettent-ils pas ce cours dans la phase deux, spécialisée pour les militaires ?

Je n’ai pas le temps de répondre qu’un jeune homme, au corps fin et musclé pénètre dans la salle. Nous l’observons toutes, ahuries. Il est très beau, il a des yeux bleu-gris, les cheveux châtains un peu désordre et la peau légèrement bronzée. Les traits de son visage sont symétriques, il a la mâchoire assez carrée, et  ses dents sont si blanches qu’on les croirait peintes. Il nous regarde avec un sourire étincelant.                                                                                                                                                                   

-Bonjour les filles ! Je suis Max, et je vous enseignerai l’art du combat.

Nous le fixons, bouche-bée.

-Bon, il semblerait que cette année j’ai affaire à des poissons… Mais ce n’est pas grave, vos progrès n’en seront que plus flagrants.

Aucune réaction.

- Allez on se réveille ! Pour commencer, on va faire des tours de stade, allez courez !

Nous courons donc pendant plusieurs minutes, sans cesser de le regarder.

-Comment ça se fait qu’on ait un prof aussi jeune ? Il a l’air d’avoir seulement une vingtaine d’années. En plus je croyais qu’on ne pouvait avoir que des femmes comme professeurs les deux premiers mois. Nous demande Emma.

-Je ne sais pas, c’est vraiment bizarre. Lui répond Maé.

On continue de courir, silencieuses.

-Maintenant faites des groupes de deux ! On va apprendre les tech***s de combat.

Toutes les filles se mettent par deux, je me place à côté de Maé, mais Marie se retrouve toute seule. Nous sommes un nombre impair.

-Bon toi tu es toute seule, viens avec moi.

Toutes les filles jettent un regard assassin à Marie, qui s’avance timidement vers Max.

-Alors voici la première tech*** :

Il fait une prise sur Marie, qui s’écroule immédiatement par terre. Puis il recommence plus lentement afin que l’on puisse mieux voir. Il explique  tout en montrant l&rsquo***mple sur Marie, qui passe son temps à tomber et se relever.

-Maintenant essayez à deux.

Maé et moi essayons, mais on ne réussit pas très bien. Au bout d’une demi-heure, j’arrive enfin à effectuer la prise et Maé s’écroule. Je saute de joie, et Maé profite de ma distraction pour se jeter sur moi et me faire tomber.

-C’est de la triche !

-Mais non pas du tout ! Ce n’est pas dit dans les règles : « attendre que son adversaire soit prêt avant d’attaquer » !

Je pousse un cri de rage et nous nous battons, en riant aux éclats.

Fatiguées de ce petit « combat », nous nous écroulons toutes les deux par terre en éclatant de rire. Puis nous nous rendons compte que toute la salle nous observe en silence.

-Ceci n’était pas dans mon cours mesdemoiselles. Nous lance Max.

Nous nous excusons maladroitement, le sourire toujours fixé aux lèvres.

-Néanmoins, je vois que vous avez du potentiel, je vous donne donc une heure de retenue, que vous passerez ici tout à l’heure de 18h à 19h, à vous entrainer avec moi.

-Une heure de retenue juste pour ça ? Mais ce n’est pas juste ! S’insurge Maé.

-C’est moi qui décide de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. Continuez à vous entraîner.

Nous continuons donc jusqu’à la fin du cours, un peu moins joyeuses.

A la fin du cours, nous nous rendons au réfectoire pour déjeuner avec Emma, Anna, Marie et Maé.

-Oh lala vous avez trop de chance d’être en retenue avec Max ! s’exclame Emma après un long silence.

-De la chance ? Tu rigoles ? On s’est pris une heure de retenue dès le premier jour ! On pouvait pas faire pire.

-J’aimerais tellement être à votre place, après, on a tout essayé pour attirer son attention avec Anna, mais ça n’a pas marché.

-Vous êtes sérieuses ? C’est un prof ! Vous croyez qu’il va se passer quoi ? demande Maé.

-Bah, on sait jamais. Et toi Marie je suis sûre que tu as fait exprès de te mettre toute seule juste pour être avec lui !

-Quoi ? Non mais tu devrais arrêter… ça devient bizarre la…

Après le repas, il nous reste une heure, et Maé et moi décidons d’aller visiter un peu le quartier.

Le quartier est assez joli, la mer n’est pas loin, on sent son odeur salée et les cris des mouettes. De jolis immeubles assez anciens bordent la route. Tout est vide, aucune voiture sur la route, les feux de circulation sont éteints. Au bout e quelques minutes, nous trouvons l’entrée d’un parc. Maé s’avance et lit l’in ion presque effacée sur le panneau : « Parc Borély ».

-Un parc fantôme. On visite ?                                   

-Pourquoi pas.

Le silence est tel que nous nous sentons incapables d’émettre le moindre son. On n’entend que le bruit de nos pas sur les graviers et les cris des mouettes au loin.

Puis, nous tombons sur un ancien stand de location de véhicules. Nous regardons toutes les deux d’un air entendu.

-On regarde s’il y a des rollers ?

Depuis qu’on se connait, on ne se déplace pratiquement qu’en roller à Paris. Je me souviens de notre rencontre, en CP, je pleurais devant l’arrêt de bus parce que je l’avais encore raté. La maitresse m’avait prévenu, si j’arrivais encore une fois en retard à l’école, j’aurai une punition. A l’époque, avoir une punition était ma plus grande peur. Je redoutais la réaction qu’aurait pu avoir ma mère. Mon père venait de mourir dans un attentat commis par des terroristes, et elle travaillait beaucoup plus pour soulager sa peine. Je crois que le fait de me voir lui rappelait mon père, et que c’était trop dur pour elle. Elle partait travailler au département in atique le matin vers 7h et ne revenait que tard dans la soirée. A six ans, j’étais déjà toute seule, et je devais me débrouiller. Je crois que je ne lui ai jamais pardonné. Elle a fini par se remettre de sa dépression, mais ce n’était plus comme avant. Les moments de complicité qu’on avait étaient remplacés par des silences gênés.

J’étais donc devant cet arrêt de bus à pleurer, quand Maé est venue vers moi pour me demander ce qui n’allait pas. Je lui expliquée et elle s’est tout de suite exclamée :

-Mais ce n’est pas grave ! Si tu veux je te prête une paire de roller,  mon ancienne est trop petite, comme ça, on pourra aller à l’école plus vite !

Elle m’a donc prêté ses rollers. Au début, c’était dur, je tombais tout le temps, mais elle se montrait patiente et peu à peu, je commençais à m’améliorer. A midi, nous nous sommes rendus compte que nous avions passé la matinée à faire du roller et que avions manqué les cours, mais ce n’était pas grave, nous étions ensemble.

Ensuite nous étions tout le temps collées ensemble, à faire du roller. On cachait nos deux paires dans une ancienne benne à ordures qui ne servait plus dans la ruelle qui donnait sur la porte de derrière de ma maison et on allait les chercher dès qu’on avait du temps libre.

 

~~~               

 

Nous entrons dans la remise et cherchons des paires de rollers, mais on ne voit que de vieux vélos aux pneus dégonflés, une trottinette cassée en plusieurs morceaux, et des casques éparpillés par terre. Puis, alors qu’on s’apprêtait à abandonner, Maé aperçoit la sangle d’une vieille paire de rollers qui dépasse d’un carton à moitié caché par une pile de vélos.

-La ! s’écrie –t-elle, surexcitée.

Nous poussons tous les vélos, et nous voyons une douzaine de cartons tous remplis de rollers, de toutes sortes.

-Ah des rollers ici ! Comme je suis contente, je voulais les emmener mais on n’a pas le droit.

-Oui c’est dommage.

Nous nous trouvons chacune une paire à notre taille, puis sortons toutes excitées.

 -On fait la course ? Le première qui arrive au château là-bas a gagné d’accord ? Dis-je tout en m’élançant.

-Eh ! Tu es partie en avance ! Espèce de tricheuse !

Nous roulons, les cheveux dans le vent, riant aux éclats. Nous avons l’impression d’être de nouveau à Paris.                             

-J’ai gagné ! Je m’exclame.

-Je t’ai laissée gagner.

-Mais bien sûr !

-Si si je t’assure. Je suis bien meilleure que toi, et tu le sais !

Je la pousse doucement en faisant mine de m’insurger, mais elle ne répond pas à mon « attaque » et se contente de me  lancer un sourire joyeux.                                    

-Oh non, il est déjà 13h25 ! Les cours reprennent dans cinq minutes ! Si on arrive en retard on va se prendre cinq heures de travaux domestiques !

Nous roulons aussi vite que possible jusqu’à notre immeuble, puis courons dans les escaliers, en chaussettes, et les rollers dans la main. Nous avons oublié nos chaussures dans l’entrepôt ou nous avons trouvé les rollers.

-Cours d’arts plastiques, septième étage ! Courage !

Nous arrivons devant la salle essoufflées, toutes rouges et couvertes de sueur. Le professeur n’est pas encore arrivé. Toute la classe nous observe d’un air médusé. Nous éclatons de rire, ce qui a l’air de les étonner encore plus.

Puis une jeune femme de très petite taille (elle est encore plus petite que moi, qui mesure un mètre 63 !), une magnifique tignasse dorée lui tombant sur les épaules, vêtue seulement d’un short en jean et d’un t-shirt blanc un peu trop court , qui dévoile une partie de son ventre arrive. Elle a un visage enfantin, la peau légèrement bronzée, les joues roses, le sourire jusqu’aux oreilles. On dirait qu’elle a notre âge. Nous restons bouche-bée, A paris, il est interdit de se vêtir ainsi, en montrant autant son corps. On ne peut pas montrer son corps avant d’avoir choisi son partenaire, et quand on est marié, il est très mal-vu de sortir comme ça.

-Bonjour les filles ! Je m’appelle Maude, et je serai votre professeur d’arts plastiques. Je suis désolée je suis un peu en retard. Entrons.

Nous découvrons une immense salle, avec des tables, un grand tableau noir, des chevalets, des ordinateurs équipés de tablettes graphiques, des statues, et de nombreux placards contenant sans doute le matériel.

Maude ouvre tous les placards, regarde ce qu’il y a dedans, lance des cris de joie, sort des objets, elle a vraiment l’air radieuse. Elle découvre la salle en même temps que nous, et cela a l’air de l’enchanter. Puis elle pose ses affaires sur le bureau du professeur et commence à s’installer. Au bout de cinq minutes, la salle est déjà en désordre.

-Je suis très heureuse d’être votre professeur les filles. C’est ma première année de travail, je viens de finir mes études ! Mais installez-vous je vous en prie. Sa voix a du mal à cacher son excitation.      

-Pour le premier cours, je veux d’abord que vous me montriez vos capacités. Prenez une feuille et faites ce que vous faites pour le mieux. Faites ce que vous voulez. Vous pouvez peindre, dessiner, faire du collage, du fusain, ce que vous voulez ! Dans une heure je ramasse vos feuilles ! Donc ne faites pas quelque chose de trop compliqué !

-Madame, on n’a aucune règle ? On fait vraiment ce qu’on veut ? Vous ne nous demandez rien ? demande une fille, Marlène je crois.

-Ce que vous voulez ! Et appelez-moi Maude. Et vous pouvez me tutoyer !

-C’est la prof la plus bizarre que j’aie jamais vu. Me chuchote Maé.

-Ca tu peux le dire !

Je vais chercher de la peinture acrylique et je commence à peindre.

Je peins ma maison, mais en toutes les saisons. La vigne vierge qui recouvre les murs est tantôt verte et feuillue, tantôt rouge, ou morte. Je représente la benne à ordures qui contient nos rollers, légèrement entrouverte, afin qu’on puisse voir un bout dépasser. A chaque fenêtre, on voit l’ombre d’une silhouette. A travers celle de la cuisine, on voit l’ombre de ma mère, en train de se raser la tête, sur une autre, on aperçoit mon père, même s’il est décédé depuis de nombreuses années. Il est en train de me fabriquer une boite en bois. Celle qu’il m’a offerte le jour de sa mort. A travers la fenêtre de ma chambre, on voit deux enfants, Maé et moi en train de faire un jeu de main. Sur le toit, la cheminée crache de la fumée aux reflets multicolores, et un chat noir s’amuse avec. Le ciel est différent partout, par endroits il est sans aucuns nuages, à d’autres on voit des nuages qui font pleuvoir ou neiger. Ici il fait nuit et là il fait parfaitement jour. Des dégradés de couleur adoucissent le tout, pour ne pas le rendre trop étrange. Même si le tout est quand même étrange, mais étrange d’une manière que j’aime.                                      

Quand la sonnerie retentit, je regarde le résultat obtenu, ce n’est pas mon meilleur ouvrage, mais j’en suis fière. Je le rends à Maude le sourire aux lèvres.

-Bien ! Je vois qu’il y a des artistes dans mon cours !

Je ne sais pas pourquoi, mais aucun compliment ne pouvait me faire plus plaisir. Depuis toujours, je rêve de devenir peintre, et j’espère qu’à la fin de l’Apprentissage on m’attribuera un métier artistique.

La journée se termine sans encombres, nous avons cours de mathématiques, d’histoire et de sciences.

A 18h, nous nous rendons en salle 856 pour notre heure de retenue avec Max.

-Bonjour les filles ! Allez-vous mettre en tenue. On sort.

-On sort ?

-J’ai dit « Allez vous mettre en tenue » !

Nous allons dans les vestiaires et enfilons un short et des baskets. Il fait très chaud à Marseille, et nous ne sommes qu’en septembre. Nous rejoignons Max, qui s’étire.

-Bon les filles aujourd’hui on va courir en ville.

-On va courir ? Mais on ne s’entraine pas au combat rapproché ?

-Non, on court, c’est une heure de retenue, pas un cours particulier.

Nous le suivons dans les escaliers –« on ne va quand même pas utiliser l’ascenseur, vous êtes punies »- puis nous descendons dans la rue. Il commence à courir et nous le suivons en silence. Il court vite mais nous avons l’habitude de courir : il y avait une période où Maé, persuadée qu’elle devait maigrir, voulait courir très souvent. Nous courions pratiquement tous les soirs après les cours.

-Vous courez pas si mal, pour des gamines.

-On n’est pas des gamines, on a quoi, 5 ans de moins que toi ? Demande Maé, et je vois bien qu’elle cherche à savoir son âge.

-En fait, je n’ai que 19 ans.

-19 ans ? Mais tu as déjà fini ton apprentissage ?

-Non, c’est ma dernière année, et on m’a attribué ce poste afin que j’améliore mes compétences.

-Je vois.

Nous passons devant une grande statue au centre d’un rond-point qui représente un pouce tendu. Elle mesure environ six mètres de haut.

-Qu’est-ce que c’est que ça ?

-Le pouce de César. Répond Max

-César ? Qui est-ce ? Son pouce n’est pas aussi grand quand même ? Interroge naïvement Maé.

-César était un sculpteur du XXème siècle. Et c’était un grand général romain pendant l’antiquité. Et non son pouce ne fait pas cette taille. C’est une sculpture agrandie.

-C’est étrange. Pourquoi faire une statue d’un pouce ?

-Tu n’as qu’à lui demander.

-Ahah, très drôle.

Nous continuons notre chemin.

Arrivés devant le bâtiment H, Max s’arrête.

-On a fini ? On peut rentrer ? demande Maé.

Max ne répond pas, mais nous fixe intensément. Comme s’il cherche à apprendre quelque chose. Je baisse les yeux, gênée, mais Maé soutient son regard.

Au bout de quelques instants, il se détourne.

-Vous pouvez y aller. Votre punition est terminée.

Puis il s’élance sans attendre une réponse de notre part. Maé et moi nous regardons, perp***, puis nous entrons à notre tour.

 

~~~

 

Le soir, dans mon lit, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je repense à ma première journée d’apprentissage. L’emploi du temps est chargé, les journées finissent tard. Je vais devoir m’habituer, même si je n’ai jamais eu besoin de beaucoup de sommeil.

Puis mes pensées dérivent vers Max. Il a eu un bien étrange comportement tout à l’heure… Pourquoi nous fixait-il ainsi ? Que cherchait-il ? C’était… effrayant.

Le sommeil ne vient vraiment pas, alors je décide de me lever. Il ne sert à rien de rester dans son lit sans rien faire non ?

Je ne sais pas si j’ai le droit de sortir de ma chambre la nuit, j’essaie donc de rester discrète. Je me dirige naturellement vers la salle de jeux.

Une fois arrivée, j’allume la lumière et regarde autour de moi. Puis j’aperçois le chevalet, sur lequel  est posée une toile vierge. Une palette et de la peinture sont posés sur une table à côté. Sans réfléchir, je me mets à peindre. Je ne réfléchis pas au résultat, ma main bouge toute seule. Je suis comme plongée dans une sorte de transe. Je suis inconsciente, ma main agit, les couleurs dansent sur la toile. Au bout d’un certain temps, que je ne saurais évaluer, je m’arrête. J’observe le résultat. Des tas de couleurs, de tâches, d’arabesques recouvrent la toile blanche. Le tout ne représente rien, juste des couleurs, des émotions. C’est la première fois que je peins quelque chose d’abstrait. Les professeurs nous répètent sans arrêt que l’abstrait est un art stupide, pour les simples d’esprit. Pourtant, je regarde mon œuvre, et je suis contente. C’est la première fois depuis bien longtemps que je suis si sereine. Comme si le fait de peindre avait fait disparaitre mes tracas, je ne pensais à rien, je peignais, j’imprimerais mes pensées sur la toile. Ou plutôt, mes pensées s’imprimaient sur la toile. En quoi est-ce un mal ? Ce n’est pas parce que ça ne représente rien de réel que ça ne veut rien dire ! Au contraire, il y a bien plus de significations en ces motifs qu’en un simple paysage !

Tout à coup, j’entend un bruit dans le couloir. Paniquée, je cours éteindre la lumière et m’élance, cherchant une cachette.

Trop tard ! J’ai dû être trop lente, car déjà je vois l’ombre d’une silhouette qui entre.

-Il y a quelqu’un ? Lance une petite voix, presque joyeuse.

J’ai déjà entendu cette voix… Mais où ? Soudain, la lumière s’allume et je découvre enfin qui est entré. C’est Maude, notre professeur d’arts plastiques !

Nous nous regardons, aussi stupéfaites l’une que l’autre.

-Qu’est-ce que tu fais la ? me demande-t-elle.

-Euh… Je n’arrivais pas à dormir. Balbutiai-je.

-Encore une insomniaque. Soupira-t-elle. Comme ça on est deux ! s’écria-t-elle, comme si c’était la chose la plus extraordinaire qui lui arrivait.

Puis elle aperçoit ma peinture. Aie, que va-t-elle dire ? Elle va surement s’énerver, l’art abstrait est interdit, les professeurs nous le répètent tout le temps !

-C’est toi qui as fait ça ?

-Euh… Oui ?

Elle reste silencieuse un moment. Perdue dans ses pensées.

Pendant ce temps, je me prépare psychologiquement à ce que je pourrais dire pour me justifier… Je sais ! J’étais somnambule, donc ce n’est pas de ma faute si je me suis levée, que j’ai quitté ma chambre, monté un étage, suis allée dans la salle de jeux et peint ! En plus je ne me suis pas rendue compte de ce que j’ai peint ! Oui, ça se tient tout à fait ! Enfin je l’espère…

Puis, sans que je m’y attende, elle prend la parole.

-C’est pas mal du tout !

Je la regarde ahurie. Elle ne me réprimande pas ? Non ? Elle me félicite ? Je rêve !

Avant que j’ai le temps de répondre quoi que ce soit, la porte s’ouvre… sur Max !

Ca alors, mais que fait-il ici ?! Mais cette salle est une réunion ou quoi ? Pourquoi tout le monde est ici en même temps au beau milieu de la nuit ?

Il nous aperçoit, et se fige.

Maude s’écrie immédiatement :

-Ca alors, un autre insomniaque, comme c’est excitant !

Nous la regardons bouche bée. Pourquoi est-elle si joyeuse ?

-Euh… Je ne m’attendais pas à une telle foule. Commença Max. Puis ses yeux se posèrent sur moi. Il fronça les sourcils.

-Qu’est-ce que tu fous ici toi ?

-Euh… C’est-à-dire que…

-Elle était en train de peindre, et pas n’importe quoi ! Regarde ! S’exclame Maude en désignant ma peinture, qui représente justement… N’importe quoi !

-Ah. Puis il replongea dans ses pensées.

Nous restons un moment silencieux tous les trois, sans bouger.

Maude finit par rompre le silence.

-C’est marrant qu’on se soit tous rendus au même endroit vous ne trouvez pas ? On aurait pu aller je sais pas moi, dehors, ailleurs !

-En fait je comptais aller dehors. Je suis juste venu ici pour chercher quelque chose. Commence Max.

-Chercher quelque chose ? Vraiment ? Quoi ? Et tu voulais aller faire quoi dehors ? Cherche à savoir Maude, surexcitée.

-Euh… Je comptais aller me baigner… J’aime bien les reflets de la mer la nuit. J’ai repéré une plage pas mal pas loin.

-Excellent ! Allons-y ! S’écrie Maude.

Je commence à faire demi-tour, pour rentrer dans ma chambre, quand elle s’adresse à moi.

-Eh, tu vas ou toi ? Tu viens avec nous !

-Euh… Je ne crois pas que j’aie le droit, je devrais retourner me coucher.

-Mais si je t’y autorise ! Allez, j’insiste !

Max essaie de prendre mon parti, mais Maude veut absolument que je les accompagne.

Nous partons donc chercher nos maillots de bain. J’essaie de ne pas réveiller les autres filles, puis je descends au rez-de-chaussée, nous avons rendez-vous devant l’ascenseur.

Max y est déjà, mais Maude n’est pas encore arrivée.

-Alors comme ça tu es venue… Audacieux.

-Eh je voulais pas venir moi ! C’est Maude qui a insisté !

-Ouais, n’empêche que si on nous trouve dehors la nuit ensemble, on risque pas mal, enfin surtout toi.

-Pourquoi, t’as peur toi ? Le grand Max, bientôt diplôme militaire ?

Max me lance un regard noir.

-Peut être que tu te crois exceptionnelle parce que Maude te traite comme si vous étiez copines, mais c’est pas mon cas. Pour moi, t’es qu’une ado stupide qui se la joue importante.

Un grand silence s’abat. Heureusement Maude arrive, comme d’habitude d’excellente humeur.

-Allez, maintenant, direction la plage !

Nous suivons donc Max, qui nous fait traverser la ville, jusqu’à une petite plage de sable blanc. C’est une petite crique, la mer est pratiquement transparente, et elle se jette contre la plage, causant un nuage d’écume.

-Il y a pas mal de courant, faites gaffe. Nous prévient Max tout en se déshabillant.

Je détourne le regard gêné. J’aurais dû penser à me changer ! Comment je vais faire pour me mettre en maillot de bain maintenant alors qu’ils sont justes à côté ?

Maude remarque mon trouble, et me propose gentiment de me cacher avec sa serviette pendant que je me change. J’accepte avec joie, puis je fais de même pour elle.

-Quelles petites prudes ! Se moque Max.

Maude ne réponds rien, et court vers la mer. Je la suis.

C’est un moment inoubliable, sentir le sable s’enfoncer sous ses pieds, ses jambes avancer, se rapprochant du but, la mer. La mer qui gronde, son parfum salé s’insinuant partout, caressant doucement le nez, piquant un peu. Le vent fait voler mes cheveux, ils me fouettent le visage, me cachent les yeux, mais quelle importance ?

Puis je la sens, Elle. La mer. Elle s’enroule autour de ma cheville, comme si elle essayait de m’attraper. C’est comme si elle respirait, elle monte et descends, laissant sur mes jambes une trainée d’eau.

Quel dommage que Maé ne soit pas la ! Elle aurait adoré ! Elle qui rêve toujours de liberté, voir cette étendue d’eau infinie, s’étalant à perte de vue… C’est la première fois que je vois la mer, à Paris, on ne voit que la Seine, nettement moins large, et sale. Quand on voit la Seine, on a envie de partir le plus loin possible, alors que la, quand je vois cette eau, je n’ai qu’une envie, m’y plonger entièrement.

Je rejoins donc Maude qui nage déjà tranquillement. J’ai appris à nager à la piscine municipale, heureusement. Nous nageons longtemps, Maude et moi à côté, et Max un peu plus loin. Puis nous finissons par retourner sur la plage, fatigués.

Maude s’allonge sur sa serviette, et je fais de même. Maude sort alors une espèce de boite de son sac. Elle l’ouvre, et en sort un petit objet blanc, comme un petit bâton de la longueur d’un doigt, mais plus fin.

-Vous en voulez une ? Nous propose–t-elle.

-Qu’est-ce que c’est ? S’exclamons-nous en même temps.

Elle rigole devant nos airs surpris.

-C’est une cigarette. Vous n’en avez jamais vu ? En même temps c’est vrai qu’ils ont interdit la consommation et la *** de tabac à la création de la nouvelle société, après les jours Sombres. Au début c’était difficile, les gens voulaient ne pas arrêter, mais les années ont passé, et ces petites choses ont finies par être oubliées. J’ai trouvé tout un entrepôt rempli de caisses, elles-mêmes remplies de cigarettes en ville. Depuis je me sers.

Nous la regardons bouche-bée. Qui est cette fille, si libre et insouciante, toujours excitée, qui brave les interdits comme si c’était la chose la plus banale ?

-Mais… A quoi est-ce que ça sert ?

-Ca se fume, et ça calme. Regarde.

Curieux, Max et moi décidons d’essayer. Nous nous mettons à tousser dès que la fumée s’insinue dans nos gorges.

Maude éclate de rire.

-Ca fait souvent ca au début, mais on s’habitue.

 

Personnellement, j’ai détesté cette sensation. Cette fumée a un gout infect et fait mal à la gorge ? Quel est l’intérêt ?

Nous discutons un peu, enfin, surtout Maude, raconte des anecdotes de sa vie d’un ton joyeux, elle nous fait beaucoup rire.

Enfin, Max se lève.

-Le jour va bientôt se lever, il est temps de rentrer.

Nous le suivons donc jusqu’à notre bâtiment, en silence. Une fois arrivés, nous nous séparons. Ils retournent à leur chambre ensemble tandis que j’emprunte les escaliers de secours à l’extérieur de l’immeuble.

-Bonne nuit ! Me lance joyeusement Maude.

-Euh… Bonne nuit… Maude.

-Eh, Lou, tu ne parles pas de ce qu’on a fait cette nuit, hein, ça n’aurait pas dû se produire et ça n’arrivera plus, donc pas la peine de le partager. Me dit Max, en me regardant droit dans les yeux.

-Oui, bien sûr. Je fais aussitôt demi-tour et cours me recoucher.

Dans la chambre, les filles dorment toutes. Heureusement, comme ça je n’aurais pas à trouver de mensonges… Je m’endors au bout d’une éternité.

 

 

~~~         

 

Ce jour-là, je ne me réveille pas en retard, et même en avance. Je me prépare avec les autres filles de ma chambre qui papotent de l’apprentissage et de ce qui les attend. Quant à moi, je reste silencieuse. Je n’arrête pas de penser à cette nuit, et j’ai l’impression que ce n’était qu’un rêve. Comment ceci pourrait-il être réel ?

-Lou ! Aujourd’hui tu n’es plus une enfant ! S’écrie Maé, un sourire lui barrant le visage. Je vais donc te maquiller !

Depuis ses quatorze ans, Maé se maquille pratiquement tous les jours. Moi, j’ai toujours trouvé ça stupide, et surtout une perte de temps. Et Maé s’était fixé comme objectif de me convaincre d’enfin me maquiller.

Je soupire et regarde Maé, elle a l’air très sérieuse.

-Bon d’accord, un tout petit peu alors.

Maé saute de joie en riant et criant.

-Enfin ce jour arrive ! Comme je suis heureuse !

Je m’esclaffe mais ne dit rien, sa joie fait plaisir à voir.

Elle saisit son énorme trousse remplie de multiples produits inconnus à mes yeux, puis me fixe sans bouger d’un air si concentré et sérieux que je ne peux m’empêcher d’éclater de rire.

-Tu as les yeux verts, peut-être qu’un fard prune…

-Wow ! Pas de violet sur mes yeux !

-Mais ça t’irait trop bien !

-Non !

Elle finit donc par mettre un peu de fard à paupière beige et taupe, en dégradant vers l’extérieur, puis un peu de mascara. Le tout est assez naturel, les fards ne sont pas trop foncés, et j’avoue que cela me va plutôt bien.

Nous allons ensuite petit-déjeuner puis nous rendons en cours. Je n’écoute pas vraiment ce que disent les professeurs. Je reste plongée dans mes pensées. En fait, ces cours ne sont pas si différents du lycée, pourquoi les intégrer à l’apprentissage, ils pourraient choisir notre domaine d’études directement à la fin du lycée…

A la pause déjeuner, Maé et moi décidons de prendre un sandwich et de sortir le manger dehors. Nous retournons au parc Borély en rollers, afin de récupérer nos chaussures et de manger tranquillement au soleil. Il fait chaud, et nous avons profité de ne plus avoir à porter l’uni e du lycée pour nous habiller comme nous le voulons. Nous avons toutes les deux un  short en jean, un léger t-shirt et des baskets. Nous mangeons en silence, assises en tailleur sur un banc en face d’un étang.

-Ca va ? Tu sembles ailleurs aujourd’hui… Tout va bien ? Me demande Maé.

-Oui… C’est juste que tout est nouveau pour moi. Je me sens tellement libre… Et puis…

-Et puis ?

-Cette nuit je suis sortie parce que je ne pouvais pas dormir, et j’ai croisé Maude et Max, et…

-Et ?

-J’ai passé toute le nuit avec eux.

-Quoi ?

Je lui raconte tout dans les moindres détails. Elle me regarde avec des yeux ronds.

-Donc ça y est maintenant tu te sens grande, tu traines avec des profs ? Je suis plus assez bien pour toi c’est ça ?

-Mais non pas du tout Maé.

-Non je te taquine. Mais c’est génial !

-Euh… Génial, je ne sais pas. Bizarre, oui.

-Tu aurais dû me réveiller cette nuit, je t’aurai accompagnée… J’aurais pu faire connaissance avec Max !

-Euh… En fait j’ai plutôt parlé avec Maude, je crois que Max n’aime pas trop parler…

-Alors on va le décoincer ! S’écria-t-elle en se levant d’un bond. Bon, on rentre ?

Nous remettons nos rollers et repartons vers notre bâtiment, puis nous montons pour aller en cours. Nous avons cours d’in atique. Nous n’en avons jamais eu au lycée, je ne sais pas si cela va me plaire.

Mes pensées dérivent vers ma mère. Elle est in aticienne. Elle gagne une misère en passant ses journées à travailler au QGI, le quartier général in atique. Dans notre société nouvelle, nous ne gagnons pas d’argent en salaire comme cela se faisait avant. Ils choisissent notre logement en fonction de notre métier et de nos compétences, donc les ouvriers ont des moins bons logements que les ingénieurs : plus petits, moins biens placés ou lumineux. Mais ce n’est pas éternel, on peut se voir attribuer un meilleur logement si on travaille bien. Apparemment ce n’est pas le cas de ma mère…  Nous vivions à Paris dans un petit appartement dans un quartier assez pauvre et loin du centre-ville. Maé elle vit dans un appartement particulier ancien et magnifique en face de la tour Eiffel. Ses parents travaillent au sein du gouvernement.

La nourriture est donnée à tous les habitants selon leurs besoins nutritionnels. Si on veut autre chose, comme des friandises ou manger un repas au restaurant, il faut payer avec les PM, les points de mérite. On les obtient en récompense d’un bon travail. On peut aussi acheter avec des vêtements à la mode (en plus de ceux donnés par l’état) ou des objets de divertissement, de décoration, des loisirs, enfin tout ce qui n’est pas essentiel à notre survie, donc donné par le gouvernement.

Ainsi, les gens travaillent bien et sans se plaindre, car on peut avoir des malus si on ne se comporte pas bien. On peut aussi obtenir des PM à l’école, si on travaille bien. Par contre, les enfants ne peuvent pas avoir de malus, seulement des punitions. J’ai toujours fait de mon mieux, afin d’aider ma mère.

 

 

 A suivre...

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