|  I M P E R A T O R  |

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Les souliers claquent sur le sol lustré, les enfants sourient et les femmes saluent. C’est qu’il est bon avec le peuple, cet Imperator : d’abord dirigeant puis tyran, il se sait philanthrope. Personne, personne à part lui ne pourrait redresser ce pays, le faire tenir debout dans les famines et les épidémies, les tromperies et les trafics. 

Oui, quand il traverse les foules, c’est en héro. 

Il y a bien quelques contestataires, comme toujours. Mais ils ont une fâcheuse tendance à disparaître, sans laisser de traces. Lui si juste ne ferait pas une chose pareille. 

Tuer des opposants ? Quelle cruauté. Non, sans doutes s’exilent-ils d’eux même, sans valises et sans au revoir. 

L’Imperator a l’éternel jeunesse : plus de sept décennies qu’il est au pouvoir, et toujours l’air d’avoir vingt-cinq ans. Il ne meurt donc jamais ? 

Parfois il voudrait. Mais il ne peut pas : il est le seul, le seul assez bien. C’est ce qu’on lui a toujours répété, ce pour quoi il a été élevé. Au fond, saurait-il même faire autre chose ? 

Allons bon, pourquoi faire. Il reste des choses à régler ici. Quelques disparitions ne sont pas cher payées pour une paix sans droits : sans droits, mais sans trop de devoirs. 

Parfois bien sûr, il manque d’exploser : mais l’habitude combat l’angoisse. Il appelle un domestique, une domestique : ils sont aussi payé pour ne jamais dire non, après tout. Et un lit plus tard, ses nerfs sont apaisés. 

Il n’est pas roi, pas monarque. Il est Imperator. Un bel homme aux mains fines, très fines : presque trop. 

Imperator. Et cela ne souffre d’aucune contestation. 

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