« Ils sont effrayants. Si ils ont eu le droit à un séjour là-bas c'est qu'ils le méritent et doivent y rester. A quoi cela sert de les relâcher dans la nature ? Vous voulez notre mort ? Le gouvernement part totalement en vrille. Ce sont des monstres, des égoïstes, ils sont incapables de vivre dans notre société et de se plier aux règles ! »

(WIX)

La pluie battait violemment chaque carreau qu'elle croisait sur son chemin. L'étendue opaque de nuages grisâtres atténuait clairement l'éclat des rayons du soleil pressé de se cacher le temps d'une nuit. Le mois de mai approchait à grand pas, expliquant la température presque exotique qui incitait presque tout le monde à oublier sa veste molletonnée.

Au bout du grand boulevard avançait une silhouette d'un pas déterminé. Pas assez grande pour la qualifier de géante, pas assez petite pour la considérer minuscule. Ses lourdes bottes en cuir claquaient dans chaque flaques d'eau barrant sa route. Il n'y avait qu'elle, et la pluie.

Elle se fondait parfaitement dans le paysage terne grâce à son large sweatshirt gris dont la capuche camouflait sa tignasse brune ainsi que le haut de son visage. Ses épaules supportaient la charge d'un sac à dos basique, noir, sobre. On aurait pu y voir une lycéenne se rendant à la bibliothèque malgré le temps apocalyptique causé par l'union du vent et de la pluie.

Très vite cette simple silhouette s'arrêta juste devant l'épicerie la plus fréquentée du quartier. Seulement, à cause de l'heure presque tardive et de la météo, les clients réguliers avaient décidés de faire les timides en restant bien à l'abri. Tant mieux pour eux.

Les mains moites de la silhouette banale sortirent de leur poche commune pour aller se concentrer sur la fermeture du sac à dos, dansant désormais sur une seule épaule. Avec un peu de mal mais beaucoup de brusquerie, elle ouvrit son sac pour y libérer un véritable pistolet semi-automatique chargé à bloc. Toute l'innocence de cette silhouette venait de partir en fumée.

Ses membres commençaient déjà à trembler, trahissant son calme et sa détermination. La main droite tenait fermement la crosse de l'arme tandis que sa jumelle vint l'embrasser, son index décidé à se presser sur la queue de détente. Sa respiration se saccada forcément alors qu'elle s'écrasait abruptement contre le masque en tissu noir qui cachait le bas de son visage.

Un coup d'épaule suffit à ouvrir la porte de la petite épicerie déserte tandis qu'une voix perçante incita au calme de prendre ses bagages pour partir plus loin.

« MAINS EN L'AIR ! »

Le propriétaire écarquilla les yeux face à l'attaque à laquelle il faisait face. Tous ses membres tremblaient alors que ses iris noirs fixaient ceux de son agresseuse. Cette dernière avait froncé les sourcils, rendant ainsi son regard plus dur et froid. Une de ses mains quitta le pistolet pour attraper la bretelle ballante de son sac à dos afin de jeter ce dernier sur le comptoir, juste en face du vieil homme.

« Dépêche toi de mettre tout l'argent dedans, et t'as pas intérêt à oublier un seul billet. »

Evidemment la victime se plia sans attendre aux règles de la jeune femme, remplissant ainsi le bagage en tissu de tous ses billets. Mais une montée d'adrénaline réussit à s'emparer de la totalité de l'épicier pour une raison inconnue. Une main tremblante s'échappa de la caisse à monnaie pour plutôt attraper un canif caché juste en dessous. La criminelle en devenir suspecta l'homme, pressant alors sans réfléchir sur la gachette de son arme qui détonna aussitôt.

Un cri s'échappa des lèvres pâles du propriétaire des lieux tandis qu'un cratère de sang se forma juste en dessous de son épaule où la balle venait de se loger.

« Me rde ! »

La silhouette d'apparence si banale et passe-partout prit finalement la fuite, sentant ses jambes tressaillir. Elle savait qu'elle venait de foirer son coup dès qu'elle entendit le bruit criard des gyrophares prendre de l'ampleur. Ils ont tous raison. Il est beaucoup trop difficile de devenir monsieur tout le monde.

🔞 langage cru/adrénaline/instabilité émotionnelle/sensibilité/violence/drame