𝓥ous êtes vous déjà demandés ce que serait le monde sans vous ? Cette question, elle se la posait à chaque instant. Elle avait l’impression d’être la seule qui accrochait les détails, les éclaboussures et les ratures. Comme si chaque être avait créé son univers en ignorant le réel. Voilà comment elle percevait la foule : un amas de poussières enfermées dans des réalités différentes. Des âmes qui s’effleuraient, parfois se touchaient ; sans jamais se sentir. Elle se voyait danser au cœur des automates, cherchant à éveiller ceux qui étaient déjà morts. Elle était cette âme terriblement mélancolique qu’on appelait « triste femme » comme si ce simple terme était une justification de son état. Ô, triste elle l’était. Mais l’était-elle simplement ? Elle était triste, mélancolique, dévastée, amoureuse, heureuse, effondrée. Elle était un sourire mais aussi un éclat de voix, un fracas d’un corps sur l’asphalte et la main tendue qui lui apporte la vie. Elle était la détonation du fusil et le « oui » de la mariée. Elle était la joie de ces enfants qui découvrent la neige, la détresse d’un condamné. Elle se perdait en détails lorsqu’elle aurait pu émettre un simple mot par simple envie ; par simple contradiction. Elle pourrait sourire une balle dans le cœur et pleurer devant un « je t’aime ». Elle pouvait dire aimer à en mourir et quitter du jour au lendemain ; par pure folie. Voici peut-être un terme désuet : « folie ». Qui est donc cette dame folie ? Nous veut-elle réellement du mal ? Pour elle, elle se trouvait dans un poème brulé, dans un cœur si longtemps amoché, dans un espoir brisé mais aussi dans la pureté d’un début et le commencement d’un tout. Elle était fascinée par cette grande dame et pour cela, elle lui offrait parfois son corps. Elle dansait sous la pluie, buvait trop, peut-être pas assez. Elle voyait des anges se dessiner dans les pensées sombres et les nuits blanches. Elle aimait le malin, le cajolant d’être abaissé au cruel par volonté humaine. Fascination, folie ; tristesse. Beaucoup de mots, des cases, des peurs et des rejets. Elle n’aimait pas le monde mais lui offrait sa vie, son sourire, son amour ; ce qu’elle était. Pour laisser une trace dans la saleté d’un univers aveuglé.