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CHAPITRE 1
La sonnerie stridente de mon vieux réveil me ramène à la réalité. Emmitouflée sous un tas de couvertures, je pousse un long soupire et passe mes mains sur mon visage. Quelle nuit épouvantable… Je me dégage des draps et ouvre mon sac afin de prendre des affaires propres.
Je regarde l’eau coulée sur ma peau souillée par le pêcher d’un homme, la douleur est toujours présente, toujours aussi intense… J’enfile machinalement un jean et un pull puis me décide à rejoindre Dylan. Assis sur l’un des tabourets du bar, il regarde son bol de thé comme si ce dernier l’hypnotisait. Je pris place à ses côtés et croisai les bras en baissant la tête. Le silence était pesant, mes pensées divaguaient, je me sentais inexistante, au plus profond de moi, je n’arrivais plus à éprouver le moindre sentiment si ce n’est la douleur mélangée à celui de la tristesse.
- Alors tu pars vraiment ? Me demanda Dylan.
- Oui, répondis-je en me mordant la lèvre inférieure.
Dylan termina son thé et claqua le bol sur la table si fort que j’en sursautai.
- Tu te rends compte que tu es en train de laisser tomber Hope ?! Me cria-t-il. Je ne t’ai pas connu comme ça, j’ai connu une femme qui se battait corps et âme à chaque difficulté rencontrée !
Je le regardai les yeux remplis de larmes et posai une main sur ma poitrine avant de lui répondre.
- À ton avis, j’ai quoi au fond du cœur ? J’ai de la rage Dylan… J’ai tellement de haine… Elle ne demande qu’à sortir et pourtant, je suis réduite au silence. Si tu crois que ça me plaît d’être dans cet état, détrompe-toi. Si je quitte cette ville, c’est pour pouvoir me reconstruire ! Ici, j’ai l’impression d’être prisonnière du passé, quoi que je fasse, quoi que je dise, tout me ramène à ce monstre ! On dit que le temps peut guérir toutes les blessures, mais penses-tu qu’une vie soit assez longue pour panser ce genre de choses ?
Il garda le silence et partis prendre une douche. Honnêtement, cela me déchira le cœur d’avoir des échanges aussi froids avec Dylan. On se connaissait depuis tout petit, j’avais sans aucun doute passé les meilleurs moments de ma vie avec lui…
***
« Au revoir,
Ce n’est pas très commun de commencer une lettre ainsi mais je t’écris pour te dire que je m’en vais et que je ne reviendrai jamais. Je pars dans un endroit que je ne connais absolument pas, je m’en vais car je ne supporte plus, je n’y arrive plus, je suis désolée, tellement désolée… Je te laisse avec pour souvenir de moi cette seule lettre. Mon corps aimerait s’effacé, mon cœur se reposer et mes rêves se recolorer. Je tombe encore et encore, mes pensées sont toutes plus noires les unes que les autres. Je ne cesse de regarder les gens sourirent et me demande comment font-ils pour être si heureux ? Peut-être qu’il voit le bon côté de la vie, peut-être ont-ils réalisé qu’on est jamais à l’abri d’un malheur. Tu m’as toujours souris, même quand papa est partit tu as su garder ce sourire… Je te remercie de m’avoir éduqué ainsi, j’ai du respect et des valeurs qui me sont chères, ne te laisse pas abattre par cette lettre, c’est certes un peu égoïste de dire ça alors que je prends la fuite mais je suis loin d’être un exemple. Je te souhaite d’être heureuse, tu l’as méritée. Je m’en vais, je ne reviendrai pas, pardonne moi de te laisser, maman.
Hope Lloyd, ta fille »
Je laisse glisser la lettre sous la porte et quitte cet immeuble le cœur lourd. Sac sur l’épaule et capuche, je quitte ce quartier où j’ai grandi, ce parc où j’ai passé de nombreuses journées à jouer, ces bancs où je l’ai attendu si souvent… La souffrance me donne la preuve de son existence, ce n’était pas un cauchemar. Il pouvait me rendre heureuse et pourtant, il a choisi de me réduire en miettes. Me détruire, c’est la seule chose qu’il a réussi à faire. Je suis cette fille avec un cœur démolie, cette fille qui chaque soir tente de trouver le sommeil désespérément, se cache du regard des hommes et tente de disparaître. Dans mon sac se trouvait seulement quelques affaires propres, mon billet d’avion, mes papiers et l’argent que j’avais retiré à la fermeture de mon compte.
***
En descendant de l’avion, j’aperçus Danaé, ma cousine, elle me sauta dans les bras en pleurs. Je ne l’avais pas revue depuis bien longtemps… J’ai du avoir une longue discussion avec ma tante pour qu’elle accepte de garder le secret de mon emménagement sur l’île.
- Hope ! Mon dieu comme tu as changé…
- Toi aussi ma belle. Je suis contente de te revoir après tout ce temps… Comment va ta famille ?
- Eh bien, mon petit frère est de plus en plus chiant, mais à part ça, tout va bien. Ma mère a cuisiné toute la journée pour ton arrivée, me lança-t-elle en prenant mon sac.
***
Deux mois que je suis arrivée sur cette petite île. J’ai emménagée dans un petit studio que me loue Andy, ma nouvelle patronne. C’est une femme très gentille, elle déborde d’énergie et a un air assez amusant avec ses cheveux blonds en bataille. J’ai eu de la chance de trouver du travail dans un salon de coiffure si facilement, je suis sorti du lycée avec un bac pro commerce puis j’avais passé un diplôme de coiffure par correspondance en me payant des stages de coupes intensifs durant les vacances.
J’ai également fait la rencontre d’Anthony, le petit-fils d’Andy. Il était très gentil et me faisait beaucoup rire.
A part ça pas grand-chose, Danaé m’a offert un petit chat lors de mon emménagement, j’ai décidée de l’appeler Bounty car le bout de ses pattes était blanc contrairement à son pelage gris. Bounty était de bonne compagnie, les premiers soirs, quand je m’allongeai sur le ventre pour dormir, il venait s’allonger sur mon dos, entre mes deux omoplates et jouait avec mes cheveux.
***
Je terminai le brushing de la cliente d’Andy quand Anthony entra tout sourire dans le salon. Il salua sa tante ainsi que les clientes et me fit signe de le rejoindre dans la réserve. Après avoir encaissé madame Pinto, je rejoignis Anthony dans la petite réserve.
- Tu voulais me voir ? Lui demandai-je.
- Tu fais quoi ce soir ?
- Bah rien… Pourquoi ?
Anthony souriait et se frottai les mains, il me fit penser à un fou.
- Accompagne-moi à une fête ce soir, il y aura Salah et Justine, me proposa-t-il.
- Mais je ne les connais pas moi… Rétorquais-je.
- Ouais bah justement, ça te sociabilisera !
Il n’avait pas totalement tort… Je le fixai un instant et haussai les épaules.
- D’accord… Je passerai peut-être faire un tour.
- Je viens te chercher à 19h chaton, me dit-il avec un clin d’œil.
- Arrête de m’appeler comme ça, bredouillai-je en grimaçant.
Il me refit un clin d’œil et quittai le salon aussi vite qu’il fut arrivé.
***
Anthony gara sa voiture devant une grande villa, la musique résonnait déjà, la soirée avait l’air d’être déjà bien entamée. J’avais mis un jean slim retroussé et un débardeur noir voilé quant à Anthony, il avait mis un jean et une chemise blanche qui faisait ressortir sa carrure. Salah et Justine étaient censés nous rejoindre un peu plus tard. Anthony me tendit son bras en souriant, une véritable complicité s’était installée entre nous.
En entrant dans la villa, je fus choqué, l’alcool coulait à flot, le peu de filles présentes se pavanaient avec des vêtements vulgaire et provoquant… Je regardai Anthony de travers et levai un sourcil.
- Quoi ? À croire, c’est moi qui les ai habillées.
- Je crois que je vais rentrer… Ce n’est pas mon genre de fête, grommelai-je.
- Viens, on va se poser ailleurs si tu veux, je vais te présenter des potes.
Il s’éloigna un peu et passa un coup de fil. Je me sentais mal à l’aise… J’avais l’impression de faire tache avec mon jean, mais bon, je préférais ça plutôt que le mini short. Anthony me fit un signe de tête, je le suivis à travers un immense salon, il y avait beaucoup de personnes en train de danser, j’avais du mal à me frayer un chemin… Un jeune homme au teint injecté de sang me bouscula avec une bouteille de vodka à la main, je m’excusai et le laissa passer. Il me regarda avec ses yeux vifs et repartit.
***
J’avais enfin fait la connaissance de Salah et Justine. Nous étions assis sur des grands canapés installés en terrasse. Anthony était assis à côté de moi tandis que Salah et Justine étaient face à nous. Justine était une fille très belle… Le corps mince, la silhouette élancée, de longs cheveux rouges, c’était une fille très instruite et sure d’elle. Salah au contraire était hautain par moments, sans vraiment s’en rendre compte je crois. Il avait un teint bronzé et des lèvres pulpeuses, c’était un bel homme, il devait certainement en faire tomber plus d’une.
- Hope ? Viens danser avec moi, me demanda Justine en prenant ma main.
- Euh… J’aime ne pas trop danser en public…
Justine fronçai les sourcils et me tirai par la main, j’entendis Anthony et Salah rigoler derrière nous. En vérité, je faisais partie d’un groupe de danse avec Dylan. Les weekends, on organisait des cours gratuit à la maison du quartier, au moins ça occupait les jeunes. Mais bon, je n’avais pas vraiment envie de m’afficher dans ce genre de soirée… Puis il y avait tellement de gars… Je me sentais hyper mal à l’aise. Justine avait dû le remarquer, elle m’emmena dans un petit coin de la piste, il n’y avait pas beaucoup de monde.
- Lâche-toi un peu, d’accord petit chat ?
- Hm… Ouais… Soupirais-je gênée.
Justine commençai à danser en souriant. Voyant que je ne réagissais pas vraiment, elle prit mes mains et fit en sorte que je me déhanche au rythme de la musique. Peu à peu je me laissai entraîner, All Night – Parov Stellar, j’adorais cette musique. Je fermais les yeux et commençai à réellement me lâcher, sans même m’en apercevoir. Justine se mit à rire et m’encouragea à continuer. Je fus rejoins par deux autres filles, je me prenais au jeu et me laissa entraîner au milieu de la piste par les deux autres filles, rapidement un cercle se forma autour de nous mais je n’en avais que faire… J’étais dans ma bulle, je profitai de ce court instant.
A la fin de la musique, je m’arrêtai de danser et souri aux filles qui se tenaient face à moi, on se fraya un chemin à travers la petite foule et sortîmes dehors sur la terrasse.
- Je m’appelle Ashley, s’exclama la plus grande des deux, et elle, c’est Mae.
- Enchantée, je m’appelle Hope, et voici Justine.
- Vous vous connaissez depuis longtemps ? Questionna Mae.
- Non, elle ne fait qu'accompagner Anthony ce soir, répondit Justine.
Mae baissa légèrement la tête et détourna son regard, elle semblait embarrassée. Je m’apprêtai à parler quand Ashley me demanda :
- Vous sortez ensemble depuis longtemps ?
- Qui ? Moi et Anthony ? Demandai-je perplexe.
- Oui, ça fait combien de temps ?
- Ah non, nous ne sommes pas du tout ensemble, c’est le petit fils de ma patronne et c’est le seul ami que je me suis faite ici depuis que je suis arrivée sur cette île, résumai-je.
Mae sembla soulagée à l’entente de ma réponse. Je lui souriais gentiment afin de la rassurer et leur proposa d’aller rejoindre Salah et Anthony.
***
Salah et Justine étaient repartis chez eux, il ne restait plus que moi et Ashley. Anthony s’était éclipsé avec Mae afin de pouvoir parler seul. Ashley est une fille très sympa, j’ai appris qu’elle faisait également de la danse et du basket.
- Tu devrais venir danser avec moi un jour, la salle n’est pas très loin du centre-ville, on est une petite dizaine à venir s’entraîner, lança-t-elle.
- Ouais pourquoi pas… De toute façon, tu as mon numéro, lui répondis-je.
Elle me fit un sourire et regarda derrière moi. Je me retournai et vis un jeune homme s’approcher de nous, il portait un chino beige et une chemise blanche. Il avait l’air très sûr de lui.
- Ashley, Chrys et Jessie te cherchent là-bas, annonça-t-il.
- Ouais bah, je vais y aller, Haydes, je te présente Hope, elle est venue avec Anthony. Je te laisse ma belle, tu m’envoies un message demain d’accord ?
- Oui pas de problème, je vais aller chercher Anthony de toute manière.
Ashley me prit dans ses bras et me fit un bisou sur la joue, c’était une fille vraiment très attachante.
-T’es venu avec Anthony ? Me demanda Haydes.
- Euh oui… Répondis-je en cherchant son numéro.
- T’es sa nouvelle copine ?
- Non pas du tout, je l’ai accompagnée en tant qu’amie et d’ailleurs il est parti parler avec Mae.
- Hm et tu comptes rentrer comment ?
Je levai les yeux vers lui, il avait un sourire en coin et une légère fossette du côté gauche. Je sentis mes joues rougir et je baissai les yeux sur mon téléphone.
- Je dois retrouver Anthony, on est venus en voiture…
- Tu peux toujours essayer de l’appeler son téléphone ne capte pas ici, viens, je vais t’aider.
Haydes avait l’air de bien connaître la villa… On fit plusieurs pièces, mais impossible de trouver Anthony… Pourtant, sa voiture était toujours garée en bas de la villa. A part quelques personnes ivres et des couples, aucune trace de lui. Je commençai à regretter d’être venue… Me voilà coincée ici… Je ne connais même pas le chemin pour rentrer à pieds. Je me laissai glisser contre le mur et soupirai. Haydes se baissa à ma hauteur et leva un sourcil avant de me demander si ça allait.
- Non… J’ai envie de rentrer… Je ne me sens pas à ma place ici…
- Tu veux que je te raccompagne ? Proposa-t-il.
- Je ne connais même pas le chemin pour rentrer chez moi… Je ne suis ici que depuis deux mois…
- Tu habites où ? M’interrogea-t-il.
- Au dessus du salon de la tante à Anthony… Tu connais ?
- Le salon de coiffure ? Ouais, c’est à une demi-heure à pieds, je te raccompagne si tu veux.
- Oh… Ça ne te dérange pas ? Murmurai-je les yeux pleins d’espoir.
Haydes laissa échapper un petit rire et me tendit la main pour me relever.
CHAPITRE 2
- Comment ça se fait que tu sois venu t’installer ici ?
- J’avais besoin de changer d’air…
- La plus part des gens ici aimerait partir vivre en métropole, la vie n’est pas facile sur cette île.
- Vraiment... ? Moi, je trouve que ça va. Au début, j’avais peur de ne pas me sentir bien ici, mais finalement, je me sens comme apaisée depuis que je suis arrivée ici.
- Tu es venue sans ta famille ?
- Oui et non, ma cousine vis ici avec son petit frère et ses parents.
- Mais tes parents ? Me demanda Haydes intrigué.
- Mon père est décédé quand j’étais encore au collège et quant à ma mère je ne l’ai pas prévenue de mon départ… Avouais-je.
Haydes me regardai avec attention, il me fit un léger sourire et enfouit les mains dans ses poches. Sa présence n’était pas déplaisante, étrangement, je me sentais bien avec lui, j’avais le sentiment que je pouvais lui faire confiance. Plutôt surprenant après ce qu’il s’était passé entre moi et Nate.
- Dis, ça ne te fait pas faire un détour de me raccompagner ?
- Un peu, mais ce n’est pas grave, je n’aurais pas aimé que ma petite sœur rentre seule aussi tard donc ça ne me dérange pas.
- Tu as des frères et sœurs ? Le questionnai-je.
- Une sœur et trois frères, et toi ?
- Fille u***, mais j’aurais bien aimé avoir un grand frère.
- Ce n’est pas toujours aussi cool qu’on le pense, me répondit-il en riant.
Je lui lançai un sourire et croisai les bras afin de me réchauffer. La température était tombée et ça commençait à se faire sentir. Heureusement je pouvais distinguer l’enseigne du salon de coiffure.
- Merci de m’avoir ramenée. C’était sympa de ta part…
- Je t’en prie Hope. À une prochaine fois, peut-être ?
Je souriais et lui fit signe de la main avant de rentrer dans mon immeuble.
***
En rentrant, je pris simplement le temps de retirer mes vêtements et me laissa tomber sur le lit, totalement épuisée. Un sourire se dessina sur mes lèvres en repensant aux rencontres que j’avais faites à cette soirée. J’étais heureuse avec cette nouvelle vie…
Bounty vint se coucher près de moi et je m’endormis sans difficultés.
***
- Nate arrête s’il te plaît…
- Tu ne vois peut-être pas à quel point il est gentil avec toi, tu veux que je sois aussi gentil avec toi ?
Nate sentait l’alcool à plein nez… J’essayais lamentablement de le pousser, mais à quoi bon... ? Il s’emparai de mon poignet et me poussa violement contre le mur. Ma tête se heurta et je criai de douleur, le suppliant de me lâcher.
- Nate je t’en prie… Tu me fais peur… Lâche-moi…
- Quoi ? Je ne suis pas encore assez gentil, bébé ? Me demanda-t-il en enfouissant sa tête dans le creux de mon cou.
Des larmes de dégoût coulaient sur mes joues… Allait-il donc recommencer... ? Il tenta de m’embrasser alors je détournai la tête et pinçai mes lèvres par peur. Il eut un mouvement de recul et me jeta tel un objet avant de sortir de l’appartement. Mon cœur me faisait mal… Je mis la main sur ma poitrine et tentai de reprendre ma respiration. Je me dirigeai dans la salle de bains et m’emparai du rasoir. Quel avenir pouvait m’attendre de toute façon ? J’appuyai la lame du rasoir sur mes veines et fermai les yeux, me laissant emporter par la douleur…
***
Je me réveille en sursaut… Le drap était trempé, je transpirai et tremblai encore de peur… Je me levai et partis allumer toutes les lumières de l’appartement… Je ne me sentais pas en sécurité… Bounty me regardait, il s’était réfugié sous la table basse du salon, son poil avait gonflé… Je me servis un grand verre d’eau froide et m’appuya sur le bar. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas refait de cauchemars à propos de Nate… Je me demande si un jour j’arriverais à l’oublier. J’ai commis l’erreur de croire en notre histoire, quelle stupidité. Mon incroyable capacité c’est de me voiler la face, j’ai été lâche d’avoir tenté de partir, comme si cela aurais mis fin à toute mes souffrances… J’avais besoin de partir loin de lui… J’étais amoureuse, tout allait bien, que s’est-il passé ?
Dehors l’orage grondait et la pluie s’abattait sur mes carreaux… Je partis prendre une douche et m’asseyais face à la fenêtre. J’avais besoin de calme… Je devais réfléchir, quelle direction étais-je en train de prendre ?
***
Me voilà assise sur le canapé d’Anthony, le pauvre venait de se réveiller… Il était parti prendre une douche. Je regardai autour de moi et vit une paire de gant de boxe, je me levai et alla voir de plus près, il avait tout le nécessaire pour s’entrainer.
Alors que je jouais sur mon portable, la sonnette me fit sursauter. Anthony me demanda d’aller ouvrir depuis la salle de bain. En ouvrant la porte, je tombai nez à nez avec Haydes qui fut fort surpris de me voir.
- Hope ?
- Non ce n’est pas ce que tu crois… J’avais juste besoin de lui parler et je l’ai réveillé alors…
- Oh Haydes, bien ? Me coupa Anthony avec pour seul habit une serviette autour de la taille.
Je me cachai le visage de honte et entendis Haydes se moquer. Sur le coup ça devait être vraiment crédible…
- Je vais m’habiller j’arrive, poser vous tranquille, nous lança Anthony.
Haydes pris place sur le canapé et j’en fit de même. Je n’osais pas parler… Il devait se faire des idées maintenant…
- Eh ? Je ne vais pas te manger, plaisanta Haydes.
- Hein ?
- Au pire, tu fais ce que tu veux avec Anthony, je ne te jugerai pas.
-Mais… Mais je n’ai rien fait !
J’étais pire que mal à l’aise… Haydes avait ce petit sourire narquois, il se mordit la lèvre inférieure certainement pour ne pas rire.
Anthony fit son retour quelques instants plus tard vêtu d’un jogging.
- Vous voulez boire quoi ? J’ai du café et du jus d’orange, nous proposa-t-il.
- Un café pour moi, répondit Haydes.
- Moi juste un jus, s’il te plaît.
Il quitta la pièce en me lançant un sourire amusé. Je fronçai mes sourcils et pris mon portable afin de lui demander ce que signifiait ce sourire.
- Tu ne bois pas de café ? Me demanda Haydes.
Je me retournai face à lui et secouai la tête.
- Non, je trouve ça trop amer et à vrai dire, je préfère de loin le chocolat chaud, je pense que c’est la boisson du bonheur.
Haydes ria suite à mes propos. "La boisson du bonheur", n’avais-je donc rien de plus stupide à lui dire ? Je me surprendrai toujours. Heureusement, il mit fin à ce malaise :
- C’est vrai que j’aime bien le chocolat chaud aussi.
Il me fit un sourire et tourna sa tête en direction d’Anthony qui jouait les acrobates avec nos boissons.
J’ai appris qu’Anthony faisait de la boxe avec Salah et un autre ami, il allait à la salle quasiment tous les soirs. Quant à Haydes, il les accompagnait quelques fois à la salle de musculation ainsi qu’au basket.
***
Déjà deux heures que nous sommes chez Anthony, ça m’a remonté le moral de passer cette matinée avec eux. Dylan me manquait énormément… J’essayerai de l’appeler sur Skype à l’occasion. Je me demande aussi comment va ma mère, je sais que ma lettre à dû l’anéantir, mais je n’avais pas le courage de lui annoncer mon départ en face.
***
Haydes s’apprêtait à partir, il serra la main d’Anthony et me fit la bise.
- Au fait, ajouta-t-il, samedi soir ma famille part chez des amis, ça vous dirait de faire une soirée film ? Il y aura Salah et peut être James.
- Je ne sais pas moi, ça dépend de ce que Mae a prévu ce weekend, répondit Anthony.
-Bah viens avec elle au pire, proposa Haydes.
Anthony haussa les épaules et se passa la main dans les cheveux. Je ne savais pas vraiment si j’allais y aller ou pas. D’un côté ça avait l’air sympa et de l’autre j’avais un mauvais pressentiment. Et puis d’après Haydes, il n’y aurait pas de fille hors mis Mae.
***
Après une dure semaine de travail, me voilà devant la porte d’Haydes. Je toque ? Je ne toque pas ? Et puis pourquoi je suis venue d’ailleurs ? De toute façon, on ne se connaît que très peu Haydes et moi… Oh et puis mince, je m’en vais.
Alors que je faisais demi-tour, je vis Salah dans l’allée du jardin. Il me fit un sourire et vint me dire bonsoir.
- Je ne savais pas que tu venais ce soir Hope.
- Eh bien… À vrai dire non, je ne viens pas…
- Comment ça ? Me demanda-t-il en fronçant les sourcils.
- Eh bien, je m’apprêtais à partir en fait, balbutiais-je gêner.
- Pourquoi ? Ça va être sympa, insista Salah.
- Sûrement, mais je ne me sens pas vraiment d’y aller…
Bien évidemment, il n’y crut pas un instant et me prit par la main afin de rentrer par la grande baie vitrée. Je me sentais déjà mal à l’aise dans cette grande maison… C’était vraiment très luxueux… Voir trop… En passant par la baie vitrée, nous étions arrivés dans une cuisine à l’américaine et un grand salon, je plains la personne qui fait le ménage ici. Je suivais timidement Salah, il m’emmena à l’étage et entra dans une chambre où se trouvait Haydes.
- Regardes qui j’ai trouvé dehors ! Lança Salah.
- Hope ? T’es venue pour finir ? Me demanda Haydes en souriant.
- Faut croire que oui… Anthony et Mae viennent aussi ? Je n’ai pas réussis à joindre Anthony…
- Non, ils passent une soirée entre eux, ajouta Salah.
- Donc on est seulement trois ?
J’étais inquiète de la réponse… J’apprécie beaucoup Salah et Haydes mais je ne me sentais pas du tout à l’aise en présence d’hommes, j’aurais beaucoup aimé que Mae soit là avec Anthony… Haydes se massai la nuque nerveusement et reprit :
- Non, il y aura Lucie et peut-être James, mais ce n’est pas sûr.
- Mec t’as vraiment invité Lucie ? Lui demanda Salah l’air irrité.
- Ouais, pourquoi ?
- Bah Lucie quoi, t’aurais dû inviter la vierge Marie tant qu’à faire.
Salah quitta la pièce en soufflant et je me retournai vers Haydes. C’est qui cette Lucie ? Salah n’avait pas l’air de beaucoup l’apprécier… J’avais l’impression d’être en trop dans la chambre bien que nous ne soyons que tous les deux, je me décidai à quitter la pièce et rejoindre Salah en bas. Ce dernier était entrain de préparer un apéritif, je m’approchai timidement de lui et lui demanda si il avait besoin d’un coup de main.
- Ouais, je veux bien que tu m’aides pour les amuse-bouches, ce n’est pas trop mon truc, me répondit-il en souriant.
- Dis, je peux te poser une question Salah ?
- Ouais ?
- C’est qui Lucie.. ? Tu n’as pas l’air de beaucoup l’apprécier.
- Une meuf qui a mal tournée.
- C’est-à-dire ?
- A la base, on était tout un petit groupe, puis Lucie a commencé à s’amuser avec nous, elle passait d’un gars à l’autre et pour finir ça à diviser le groupe.
- Oh… Et pourquoi Haydes l’a invitée alors ?
- Disons que c’est devenu son passe-temps.
Salah me fit un sourire en coin et partis cherché des gobelets. Je mis du temps avant de comprendre ce qu’il voulait dire par "passe-temps". Je trouvais ça répugnant, le fait qu’un homme passe d’une femme à l’autre comme ça… Puis toutes ces filles, comment font-elles pour laisser plusieurs hommes les toucher... ? J’aurais l’impression d’être un objet à leur place.
***
On sonna à la porte, Haydes descendit ouvrir et laissa entrer une grande fille blonde, probablement Lucie. Elle ne faisait pas vraiment vulgaire contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle portait un short en jean et un haut noir, très simple. Lucie s’approcha de moi pour me faire la bise, je pus voir qu’elle portait des lentilles de couleurs bleues et un piercing sur le nez. Salah ne prit pas la peine de la saluer et partit déposer les plats sur la table basse du salon, Lucie eut l’air blessé par son comportement.
- J’ai ramenée des films, "I spit on your grave" et "La colline a des yeux", ça vous va, demanda Lucie.
- Ouais tranquille, Salah a ramené la saga "Saw", ajouta Haydes.
Mon dieu si j’avais su la tournure qu’allait prendre cette soirée…
CHAPITRE 3
Après avoir regardé quatre chapitres de Saw, Lucie insista pour qu’on regarde "I spit on your grave". Ce film parle d’une jeune écrivain qui décide de partir s’isoler dans un chalet pour y écrire son nouveau roman. Lucie m’a expliqué qu’elle allait se faire torturer et que par la suite, elle allait prendre une revanche sanguinaire. Classique non ?
Salah parti éteindre les lumières et mit le film en route. Au fur et à mesure que le film avançait, on devinait la tournure perverse que prenait ce dernier… Une scène m’a bouleversée… Alors qu’elle pensait avoir échappé à ses ravisseurs, la jeune femme tombe sur un policier qui est leur complice, il la ramène donc chez elle et lui déchire son bas de pyjama…
***
Nate me tenait le poignet telle une brute. Il passa son autre main le long de mon ventre et me murmura à l’oreille : "Tu pensais vraiment pouvoir me fuir, Hope ?". La peur me figeait sur place, mes sanglots redoublèrent lorsqu’il tira sur la ficelle de mon survêtement. Nate s’empara de mon deuxième poignet et me poussa sur le lit. Je tentai en vain de me dégager de son emprise, je savais déjà ce qui allait se passer si je ne parvenais pas à prendre la fuite…
- Nate… Nate, je t’en prie… Laisse-moi…
- Ferme-la. Je t’avais pourtant interdit de sortir non ?
Quel monstre pensai-je… Je tentai de hurler, espérant que quelqu’un vienne à mon secours, n’importe qui, quelqu’un qui viendrait me sortir des griffes de Nate…
***
Trop de souvenirs me revenaient à l’esprit… Quand les ravisseurs de la jeune fille lui retirèrent sa culotte, je ne pus m’empêcher de pousser un petit cri d’effroi et quitta le salon précipitamment. Je sortis dehors et partis me cacher dans un coin du jardin afin de fondre en larmes… Mon cœur venait se fracasser contre ma poitrine, j’avais si mal… Mes mains tremblaient sans que je puisse y changer quoi que ce soit… Tout ce que Nate m’avait fait subir me submergeait soudainement. Je tentai de reprendre une respiration normale lorsque je sentis une main se poser sur mon épaule.
- Hey… Tu vas bien... ? Me demanda Haydes avec pitié.
- Excuse-moi… Je… Je…
Je ne pus finir ma phrase. A peine tentai-je de parler que ma voix se brisai… Haydes prit place à côté de moi et resta silencieux un moment. Je me calmai peu à peu.
- Tu veux en parler ?
- Non, répondis-je en secouant la tête. Je… Je veux juste me reposer un peu… Je vais rentrer…
- Il est déjà tard… Si tu veux, je te laisse ma chambre en attendant la fin de la soirée. Je te raccompagnerai, me proposa-t-il.
- Ouais, je veux bien…
Haydes me releva et je le suivis à travers sa maison. On se retrouva dans la même chambre que tout à l’heure.
- Mets-toi à l’aise, je reviendrai quand les autres seront partis mais si jamais, tu n’hésite pas, ok ?
- Merci Haydes…
Je baissai les yeux devant lui, j’avais honte de paraître si faible… Il suffisait que Nate revienne me hanter et je m’effondrai. Je ne supportai plus tout ça… Combien de fois ai-je pensé à mettre fin à mes jours... ?
***
Un bruit de fracas me sortit de mon sommeil. J’ouvris les yeux avec difficultés et me rendis compte que j’étais toujours sur le lit d’Haydes. Je me levai lentement et m’étirai. J’ai dû m’assoupir un instant… J’enfilai mon gilet et descendis en bas voir ce qu’il se passait. À ma grande surprise, il n’y avait plus qu’Haydes qui peinait à ramasser les bouts de verre éparpillés sur le sol.
- Besoin d’aide ? Demandai-je avec une voix peu assurée.
- Non t’inquiètes. Je t’ai réveillée ?
Je haussai les épaules et me penchai tout de même afin de l’aider. Haydes avait l’air très fatigué. Il baya bruyamment et se frotta les yeux avant de se plaindre d’une douleur en bas du dos.
- Dis Hope, ça t’embête de passer la nuit ici ? Je ne me sens vraiment pas de te ramener ce soir…
- Mais ta famille.. ? Puis je dormirais où... ? Paniquais-je.
- Il y a six chambres hein. Puis ma famille ne rentre que demain en fin de journée donc tranquille.
- D’accord alors…
***
Haydes m’avait prêté un short de basket et un tee-shirt ample. C’était beaucoup trop grand pour moi mais bon… Je ne vais pas me plaindre. Il avait choisit de me laisser sa chambre mais je n’étais pas rassurée de passer la nuit seule dans un endroit que je ne connaissais pas…
- Tu vas dormir ailleurs... ?
- Bah ouais, je vais prendre la chambre de mon frère, je pense.
- Il ne va rien dire ?
- Si, mais ce n’est pas grave.
Il me fit un sourire et s’apprêtai à quitter la pièce quand je l’interpellai :
- Est-ce que… Tu pourrais dormir ici s’il te plaît... ?
Haydes semblai surpris par ma requête, il me fixa un instant et se massa la nuque avant de sortir un matelas du placard. Il l’installa au pied du lit où je me trouvai et sortis quelques couettes et oreillers.
***
Je commençais à fatiguer à force de parler avec Haydes. Il éteignit la lumière et pris place sur le matelas a terre. J’avais l’impression qu’Haydes étais une personne sur qui on pouvait compter… Alors que je le pensais endormis, il me posa la question fatidique :
- Pourquoi tu as réagi comme ça tout à l’heure pendant le film ?
- Cette scène était assez violente…Non ?
- Je ne trouve pas que c’était si choquant… Mauvais souvenirs non ?
- En quelques sortes.
- Tu m’intrigues beaucoup Hope. Tu as l’air de renfermer un tas de secrets. Parle-moi de toi…
Étais-ce une bonne chose que de me confier à Haydes ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais au fond de moi, j’avais besoin de tout ressortir.
- C’est assez compliqué en fait…
- Tu veux m’en parler ? Me demanda Haydes.
- Il y a tant à dire, c’est difficile pour moi et encore très douloureux.
- Vas-y doucement si tu veux, ça a l’air de beaucoup te tracasser.
- Eh bien, tout a commencé à la mort de mon père. Je l’ai perdu à l’âge de mes seize ans. À ce moment-là, je traversai une période difficile avec ma famille. J’en voulais énormément à mon père d’être si absent à cause de son travail, il partait en mission à l’étranger, quelques fois quinze jours puis le mois d’après il repartait pour plusieurs mois.
-Il travaillait dans quoi ?
- Mon père était militaire, répondis-je.
- Ah d’accord. Ça ne devait pas être simple.
- Hm, mon père est partit sept mois au Kosovo. À son retour, il est tombé malade. Il se plaignait sans arrêt de douleurs au ventre et aucun traitement ne parvenait à le soulager. Puis un matin, il ne s’est pas réveillé.
Je pris une grande inspiration avant de poursuivre. Haydes ne parlait pas, il m’écoutait très attentivement.
- Après son décès, je suis tombé en dépression. Ma mère m’emmenait deux fois par semaine chez un psychiatre, mais je ne lui parlais jamais. Quand j’ai repris les cours, ça a été encore plus difficile par rapport à mes amis, je les ignorais sans vraiment le vouloir, je m’étais énormément renfermée sur moi-même. Jusqu’au jour où une dis*** a éclaté entre moi et Dylan, mon meilleur ami. Il est venu me voir et m’a dit : "Hope, ton père est mort, il ne reviendra pas et le fait de nous ignorer n’y changera rien !" Ce jour-là, j’ai beaucoup pleuré. Je n’avais pourtant jamais été proche de mon père, mais une fois qu’il fut parti, je me suis rendu compte que je n’aurais jamais l’occasion de lui dire certaines choses. Et puis, tu vois, j’aurais tellement aimé l’entendre me dire qu’il était fier de moi...
- A ce jour, je suis sûr qu’il aurait été fier de toi Hope.
- Pas sûr… La suite de l’histoire n’est pas très joyeuse… Repris-je anxieuse.
- Vas-y, je t’écoute.
- Je ne m’étais jamais intéressé aux garçons, mais il y a eu Nate… Il m’a sorti de cette mauvaise passe et suite à ça nous nous sommes énormément rapprochés, jusqu’à sortir ensemble. Cependant, c’était étrange, je refusais de l’embrasser.
- Pourquoi ? Me demanda-t-il surpris.
- Honnêtement, je n’en avais pas du tout envie, au fond de moi, je savais que je n’allais pas passer ma vie avec lui et je n’avais pas envie de me faire toucher par plusieurs hommes… Enfin, je ne sais pas si tu vois, mais je trouvais ça sale…
- Ouais, je vois à peu près… Mais tu as fini par lui donner ?
Je baissai la tête gênée par sa question. Haydes se redressai légérement et s’appuya dos au mur.
- C’est là que ça se complique... Repris-je. Pendant les grandes vacances d’été, le grand frère à Nate a fait un accident de voiture… Au bout de deux semaines de comas, son cœur s’est arrêté. Les parents de Nate sont partis enterrer leur fils dans leur pays natal mais lui a refusé d’y aller.
- Il a refusé d’aller à l’enterrement de son frère ?
- Oui, il ne supportait pas de devoir assister à sa mise en terre. Un soir j’ai décidé de venir le voir car il n’allait vraiment pas bien et étant déjà passé par là je le comprenais… Quand je suis arrivé en bas de chez lui, il avait l’air très en colère… On ne s’est pas parlé d’ailleurs… Nous sommes montés chez lui et alors que je m’apprêtai à lui faire un plat de pâtes, mon téléphone se mit à sonner. En voyant que l’appel venait de Dylan j’éteignis mon téléphone et là… Nate est devenu fou…
***
- Donne-moi ton portable Hope.
- Pourquoi ? Demandai-je hésitante.
Nate se rapprochai dangereusement de moi. Il prit mon téléphone de force et le jeta contre le mur.
- Nate, tu es sérieux ?
- C’était encore Dylan, c’est ça ?
- Ce n’est que mon meilleur ami…
Il serra les poings avec force. Je reculai jusqu’à venir me heurter au mur. Nate me faisait si peur… Il n’était pas dans son état normal.
- Et moi Hope ? Je suis quoi moi ? Hurla-t-il.
- Nate… Tu… Tu es fou… Laisse-moi partir…
A l’entente de ces mots, il saisit mes cheveux et m’approcha de lui. Je pouvais voir la fureur dans ses yeux, il fulminait de rage. Je le repoussai de toutes mes forces et tentai de fuir en direction de la porte. Nate me tira alors brutalement en arrière et je tombai au sol.
- Lâche-moi, criai-je.
- Ferme la Hope ! Je vais te rappeler qui je suis moi !
Il étouffait mes cris de sa main et frappai ma tête à plusieurs reprises sur le sol, je ne parvenais plus à assimiler les choses. La douleur était si forte… Mes yeux se fermèrent peu à peu…
***
- Que s’est-il passé après… ? Me questionna Haydes l’air inquiet.
- Je… Je me suis réveillée sur son lit et… Je ne comprenais pas ce que je faisais là… Je n’avais même plus les mêmes vêtements… Quand j’ai essayé de me lever, j’ai poussé un cri de douleur, j’avais atrocement mal à la tête et à l’entre-jambe… J’ai baissé les yeux au sol et vu quelques traces de sang. Les larmes me sont immédiatement montées aux yeux et tout me revenait peu à peu… Nate m’avait… Enfin…
Et voilà…J’avais fondu en larmes devant Haydes… Il se leva de son matelas et vint me caresser les cheveux en chuchotant tel un père cherchant à calmer son enfant. Mes pleurs couvraient le silence de la nuit, j’avais tant besoin de relâcher la pression… Je finis par m’endormir dans les bras d’Haydes, je m’y sentais en sécurité et surtout je me sentais apaisée.
Le lendemain matin, je me réveillai seule dans la chambre. Mes yeux me semblaient encore lourds… Je m’étirai et descendis en bas. Haydes était assis sur le canapé l’air pensif. Je toussai légèrement pour lui faire remarquer ma présence. Il me regarda un court instant et esquissa un léger sourire.
- Je t’ai empêché de dormir cette nuit ? Demandai-je timidement.
- Non t’inquiètes. Bien dormi ?
- Oui, ça peut aller…
Un silence s’était installé… Dire qu’hier je lui avais confié ce qu’il s’était passé entre moi et Nate… Je n’en revenais toujours pas. Haydes et moi nous ne nous connaissons que depuis peu et nous ne savons quasiment rien l’un sur l’autre… Puis ce silence… Je me demande si…
- Tu me vois différemment Haydes ?
Il me regarda l’air surpris puis me répondit après un temps de réflexion.
- Bah non, je ne te vois pas différemment, mais je comprends mieux les réactions que tu as par rapport aux hommes, cette méfiance.
Je fus gênée par sa réponse, je ne m’attendais pas vraiment à ça… Je pensais qu’Haydes me verrait telle une victime et par-dessus tout, j’avais peur qu’il ait pitié de moi, la situation aurait été tellement embarrassante.
***
Quelques mois plus tard, j’avais décidé de faire des travaux dans l’appartement. J’avais prévu de repeindre un mur, mais étant donné que la surface était irrégulière, il fallait d’abord l’enduire au plâtre. Haydes et moi étions devenus très complice, il se comportait tel un grand frère avec moi, il était très protecteur et temps mieux, au moins je me sentais en sécurité lorsque je sortais avec lui… Ce jour-là, il devait venir m’aider pour enduire le mur. Je me mis en tenue de combat, jogging noir et un maillot de foot qui appartenait à mon père… J’avais l’habitude de le mettre pour bricoler ou même trainer à la maison, j’y tenais énormément.
On sonne à la porte, ça doit probablement être lui. J’ouvris la porte et esquissa un sourire en le voyant. Haydes se pencha et déposa un baiiser sur ma joue avant de sourire.
- Ca va petite tête ? Me demanda-t-il.
- En forme et toi ?
- Bien.
J’avais mis de la musique sur une enceinte, nous discutions d’une soirée tout en travaillant.
- J’ai serré une meuf… T’aurais dû voir les formes qu’elle avait… Olala, s’exclama-t-il en mordant sa lèvre inférieure.
- Ah, c’est cool. Mais ça ne te soûle pas ?
- De ?
- De changer de meufs comme de draps ? À chaque soirée, tu te fais une nouvelle fille… Affirmai-je en évitant son regard.
- Non ça ne me gêne pas. Pourquoi ?
- Pour rien, pour rien.
Je préférai changer de sujet. En réalité sa réponse m’avait quelque peu irritée… De la jalousie ? Je ne sais pas. Pour l’instant j’avais peur de me relancer dans une relation et puis même si j’avais le courage, qu’est qu’Haydes ferait avec une fille comme moi ? Je suis quelqu’un de timide et réservée alors que lui est très sûr de lui… D’autant plus qu’avec son physique il a l’embarras du choix. Haydes était grand et mince, sa peau était métissé, il avait les yeux de couleurs noisette, sont regard était captivant… Quant à ses cheveux, on avait envie d’y passer les doigts, ils paraissaient soyeux et à la fois indisciplinés.
***
J’avais préparé des pizzas pour ce soir, Haydes avait prévu de dormir ici. Cela ne me dérangeait pas, seulement je n’ai pas de chambre, je dors sur un vieux canapé convertible… Une chose est sûre, il sera loin du confort de chez lui…
Après avoir mangé, nous partîmes nous doucher à tour de rôle, je dépliai mon canapé et sortit un deuxième oreiller. Haydes tarda un peu sous la douche, prise de fatigue, j’enfilai un short et un tee-shirt puis me glissa sous la couette. Alors que je commençai à m’endormir, je sentis une main passer sur mon dos, j’ouvris les yeux quelque peu surprise et vis Haydes assis sur le lit.
- Je ne voulais pas te réveiller, désolé, s’excusa-t-il.
- Ah, ce n’est rien, tu as besoin de quelque chose ? Balbutiai-je.
- T’aurais pas une bouteille d’eau ?
- Si, attends.
Je me relevai et partis à la cuisine lui remplir une petite bouteille d’eau. J’avais la chaire de poule, sa main sur mon dos, puis sa façon de me regarder… C’était inde ible, je sentais que quelque chose était en train de changer entre nous. Mince, je n’avais pas fait attention… L’eau avait débordée. Je fermai la petite bouteille et pris de l’essuie-tout afin de nettoyer un peu.
Haydes était allongé, les bras croisés derrière la tête. Il me jeta un rapide coup d’œil et tourna la tête. Je lui déposai sa bouteille d’eau près de lui et me coucha à l’autre extrémité du canapé.
- Eh Hope ?
- Oui ?
- Bonne nuit, murmura-t-il.
Il me fixa intensément puis, sans même que je réalise la chose, il me déposa un baiiser au coin des lèvres. Je sentis un coup de chaud monter en moi et me tournai dos à lui. A quoi joue-t-il ?
***
Le lendemain matin, je me levai avec difficulté, Haydes avait eu le sommeil agité cette nuit… Je décidai de le laisser dormir encore un peu et partis préparer le petit-déjeuner. J’avais pris soin de presser cinq oranges à jus et de faire couler du café. La veille, j’étais allé en courses avec Mae et Ashley, j’avais acheté des croissants et des pains au chocolat. Je les mis au four et activai la minuterie avant d’aller réveiller Haydes.
Il dormait avec les sourcils froncés. Je laissai échapper un petit rire et lui caressa les cheveux en l’appelant à voix basse.
- Hm… Quoi… ? Grommela-t-il.
- Le petit-déjeuner est prêt si tu veux.
- Vas-y, j’arrive.
Je passai à la salle de bain afin de me débarbouiller et le rejoignis à la cuisine. Notre discussion était plus que banale cependant je n’écoutais qu’à moitié… Est-ce que je considérai Haydes comme un grand frère ? Mes sentiments ne sont-ils pas en train de changer ? Hm ça devient dangereux… Si je venais à tomber amoureuse d’Haydes je pourrais me faire très mal… Il peut être très sérieux quand il est dans une relation avec quelqu’un mais toutes cette gente féminine qui lui court après… La tension doit se faire ressentir.
***
Ces deux dernières semaines ont été difficiles. J’ai eu beaucoup de travail au salon et je ne cessai de penser à Haydes… J’avais besoin de me prouver à moi-même que je ne l’aimais pas… Ce soir je crois qu’il est seul chez lui, je vais passer le voir…
Je pris mon portable et lui envoya un message :
« Hey, ça va grosse tête ? Je voulais passer chez toi après le boulot »
« Tranquille et toi ? Pas de problèmes, je t’attends princesse. »
« Super, à toute »
Haydes me donnait quelques surnoms affectifs ces derniers temps, on passait toute la semaine à se parler, se rapprocher, puis le weekend arrivait, les soirées et les filles passaient, puis les lendemains c’était retour à la case départ… On revenait dans cette phase de séduction sans jamais dépasser les limites. J’en souffrais énormément mais j’avais peur de lui en parler… Grâce à lui j’allais de mieux en mieux chaque jour et j’avais peur qu’il prenne la fuite à cause de mes sentiments…
***
Je fais tournoyer le soda dans mon verre, je bois une gorgée. Lorsque je regarde Haydes, je ne peut m’empêcher de l’imaginer dans les bras d’une autre, mon cœur se tord de douleur. Je pose le verre sur la table et me met à jouer maladroitement avec mes mains.
- Tu m’as l’air tendu Hope, t’aurait dû venir à la soirée jeudi soir, il y avait Ashley et Justine.
- Je n’en avais pas spécialement envie… Tu y es allé avec qui toi ? Demandais-je en baissant les yeux.
- J’ai accompagnée une fille et on a finis par…
- Non, arrête, le coupais-je en levant la main. Je… Je n’ai pas envie de savoir…
- … T’es sûre que ça va ? Insista Haydes.
- Ouais… Je vais y aller…
- T'as quoi ? J’ai dit quelque chose de mal ?
- Non, ce n’est pas toi… C’est moi, j’ai été stupide Haydes.
- Pourquoi tu dis ça ?
Je pris une grande inspiration et le regarda dans les yeux. J’avais comme l’impression qu’au fond de lui il savait déjà ce que je m’apprêtai à lui dire… Je n’arrivai pas à soutenir son regard. Je baissai la tête et me pinçai les lèvres afin de ne pas pleurer.
- J’ai été stupide de m’attacher à toi de la sorte… Je ne supporte plus de t’entendre parler de toutes tes conquêtes et puis… Tu joues avec moi… Tout au long de la semaine, tu es doux, attentionné, tu me donnes même quelques petits surnoms et alors que nous nous rapprochons, tu reprends deux fois plus de distance la semaine d’après…
- Hope… Je ne veux pas que ça devienne trop sérieux entre nous, me dit-il d’un ton sévère.
- Et tu n’aurais pas pu y penser avant… ? Pourquoi tu fais ça… ? Tu penses avoir le droit de jouer avec moi Haydes ? Je ne suis pas un jouet pourtant… Je ne suis pas la distraction de la semaine !
Je ramassai mes affaires tout en fuyant son regard, mes larmes ne demandaient qu’à inonder mes joues. Je ne voulais pas qu’il me voit si faible, il ne manquerait plus que ça… Alors que je m’apprêtai à passer le seuil de la porte, il s’empara de ma main et me retourna face à lui.
- Hope… Tu… Tu m’aimes… ?
- … Je suis… Désolée… Sanglotais-je avant de prendre la fuite.
Je l’entendis mettre un coup dans la porte. Haydes avait l’air en colère après moi… Quand il m’a demandé si je l’aimais j’ai eu l’impression qu’il me mettait en garde… Mon cœur me fait mal… Je déteste être aussi faible, car oui, il me rend faible, et je hais cette image… J’ai désormais de plus en plus de mal à marcher et alors que ma vue se floute, je vois des phares foncer sur moi.
*** Dans la peau d’Haydes***
Putain je n’en reviens pas… Je savais que je jouais un jeu dangereux en tentant de la séduire. Mais au début ce n’était qu’une fille parmi tant d’autres. Seulement quand elle m’a avoué pour son viol, je n’ai pas ressenti de la compassion comme pourrait ressentir un ami, j’avais les nerfs, les nerfs d’un homme amoureux. Je crois que cette révélation a été un élément déclencheur.
On a d’abord eu cette complicité, je voulais la protéger comme ma petite sœur alors qu’en réalité je me voilais la face. J’étais perdu dans mes sentiments, est ce que je l’aimais comme une petite sœur ? Est-ce que c’est juste une simple attirance ou plus ? Je ne savais pas et j’ai vite repoussée cette idée de ma tête, je ne voulais pas lui faire du mal, vu ce qu’elle m’avait raconté à propos de Nate j’avais peur de la blesser. Mais finalement, je me rends compte qu’à force d’être tout le temps avec, je commence à avoir de réels sentiments pour Hope.
J’ouvre ma bouteille de whisky et en prend une grande gorgée. Elle est partit en pleurs… A cause de moi en plus. Putain cette fille, je n’arrive pas à me la sortir de la tête, même quand je suis avec d’autres filles ça m’arrive de penser à elle… Je m’imagine avec elle dans telle ou telle situation, un peu comme un fantasme.
Alors que je prends mon téléphone pour tenter de la joindre, un crissement de pneus se fait entendre en bas de la rue. Je sors de chez moi et me dirige vers la voiture, une dame un peu âgée sort du véhicule en criant et se précipite un peu plus loin… Je plisse les yeux et retiens ma respiration un court instant. Les phares éclairent un corps, et je crois reconnaître son pull…
Je me précipite aux côtés de la dame et découvre le corps d’Hope étendu sur la chaussée… Son nez est en sang, elle ne répond pas à nos appels… Une ambulance est déjà en route, je n’ai presque que faire de la dame se trouvant à côté de moi, je lui tiens la main, le regard vide, j’ai… J’ai peur de la perdre…
La sirène du véhicule me fait réagir, je lève la tête alors qu’une armée d’ambulanciers se dirigent vers Hope. Mes joues sont humides, et si elle partait ? Si je la perdais ? Comment je regrette d’avoir joué à ce jeu là avec elle…
Hope est évacuée en direction de l’hôpital le plus proche tandis que les gendarmes tentent de calmer la conductrice encore sous l’état de choque.
*** Fin du point de vue d’Haydes***
J’ai l’impression de flotter… Une barque m’emmène au beau milieu de ce grand lac et je jette une encre noire dans l’eau. Quel est donc ce sentiment… Je me sens légère et apaisée… C’est reposant… Au loin, je distingue une lumière très faible, je n’arrive pas à m’en approcher…
C’est alors que j’entends cette voix… La voix de mon père… Je ferme les yeux et tente de me concentrer sur ce qu’il me dit mais c’est de plus en plus difficile…
Je décidais de rouvrir mes yeux mais il n’y avait plus rien… J’étais allongée sur un lit, la pièce était plongée dans la pénombre… Je ne parvenais pas à me lever… Je baisse la tête et vois plusieurs fils relié à des machines…
***
J’ai appris que j’avais fait trois semaines de coma… Je n’avais aucuns souvenirs de l’accident si ce n’est la cause. Danaé était passée me voir. J’avais aussi sympathisé avec Aline, une infirmière qui chaque jours venait m’aidé à me laver.
- Comment ça va la miss ? Me demanda Aline de bonne humeur.
- Mieux, et toi, tu vas bien ?
- Ma foie je me suis pris la tête avec ma chef de service mais ça va. Dis-moi, tu en as de la chance ! S’exclama-t-elle.
- Pourquoi… ?
- J’ai croisé le jeune homme qui venait te voir lors de ton comas, il est super mignon, vous sortez ensemble ?
- Haydes… Non du tout… C’est… Un ami…
Aline secouait la tête en souriant. Je ne pensais pas qu’Haydes était venu me voir… Je dois avouer que ça me touche mais j’aimerais l’oublier… Mes sentiments n’étaient pas réciproques et à force de jouer je finirais par me brûler les ailes…
***
Déjà deux jours que je suis rentrée chez moi, j’ai reçu la visite de ma tante ainsi que d’Anthony, Mae, Ashley et Salah. Quant à Haydes, il m’avait envoyé un message au quel je n’avais pas répondu…
Alors que je sortais de la douche, j’entendis sonner à la porte. Je m’empressai de mettre un peignoir et alla ouvrir. Quelle surprise que de voir Haydes… Il se massa la nuque en baissant les yeux et me demanda s’il pouvait entrer. Je le laissai entrer à contre cœur et referma la porte derrière lui.
- Il faut qu’on parle Hope…
- Je t’écoute Haydes. Répondis-je froidement.
- Déjà, pourquoi n’as-tu pas répondu à mon message… ?
- Haydes… Je ne veux pas être ton passe-temps… Je préfère devoir m’éloigner de toi plutôt que de continuer à souffrir bêtement…
- Justement j’ai réfléchis Hope… J’ai vraiment eu peur de te perdre et… Il s’interrompit un instant et souffla un grand coup avant de se laisser tomber sur le canapé, la tête entre les mains. Je ne supporterai pas te perdre… J’ai été égoïste sur ce coup-là. Je refusais d’avouer que j’avais des sentiments pour toi et pourtant, je cherchais à te séduire sans arrêt… C’était tellement frustrant… Je refuse de te faire souffrir encore plus…
- C’est ton comportement actuel qui me fait souffrir… Murmurais-je.
Il releva la tête et se mit à me fixer. Ne pouvant soutenir son regard, je sentis mes joues rougir et je baissai les yeux devant lui. Mon dieu Haydes… Ne reste pas là sans rien faire… Il se leva alors du canapé et se dirigea vers moi d’un pas peu assuré. Haydes me prit dans ses bras et je passai mes bras autour de sa taille timidement.
- Excuse-moi, princesse…
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