Laurine, dix-sept étudiante en première littéraire avec une âme qui vagabonde d'imaginaire en imaginaire.

Ah, si je pouvais vous dire tout ce que je pense. 

Déjà, je ne suis pas la fille que vous aimeriez que je sois ; je n'ai pas envie de me fondre dans la société. Dis comme ça, on dirait plus une gamine de quinze ans remontée contre la terre entière plutôt qu'une jeune fille de dix-sept ans. Alors peut-être que je le suis, une gamine fainéante et idiote, mais qu'est-ce que je peux y faire? Maman, j'ai pas envie de me trouver un petit copain ; parce que je suis effrayée à l'idée d'aimer quelqu'un pour la première fois. Papa, j'ai pas envie de faire de longues études ; parce que j'ai tellement peur de grandir. 

Je pense que mon problème il est là ; grandir. J'ai toujours vécu dans le passé ; incapable de me projeter dans le futur, je préfère ressasser le passé et imaginer d'autres scénarios de ma vie. Grandir, c'est tellement effrayant pour une fille de dix-sept. Comment ils ont fait les autres? J'ai tellement peur de la gravir cette marche, chaque marche que je franchis c'est une année de moins à vos côtés. 

Pourtant je vous assure que j'essaie de rentrer dans le moule ; j'ai des bonnes notes sans faire trop d'effort, je ris tous les jours, je fais la midinette devant certains garçons, et même que j'ai des amies. Vous voyez, pour une fille qui rêverait de ne plus se réveiller un matin, c'est pas mal d'effort. En parlant de ça, rassurez-vous, je ne suis pas suicidaire. J'imagine seulement comment pourrait-être un mondre sans moi. Et si demain matin en allant au lycée, je me prenais un camion en plein dans la face... C'est glauque, peut-être un peu trop. Simplement, j'ai l'impression que ma vie n'est pas aussi importante que celle que j'avais étant petite.

Est-ce que je réfléchis trop? J'ai l'impression de passer trop de temps à réfléchir ; ce que je dois dire, ce que je dois faire, ce que je dois ressentir... La vie n'est pas un manuel, et pourtant j'aimerais que quelqu'un m'amène la tome I Comment être un humain lambda et heureux.

En y réfléchissant, j'ai l'impression que mes problèmes et mes tourments sont insignifiants ; vous n'avez pas fait une égoïste, j'le sais bien que je m'inquiète pour rien. Pourtant, est-ce que c'est mal d'avoir envie de partir et de vous laisser tous? Est-ce que c'est idiot d'avoir envie d'être une autre personne? Est-ce que c'est normal de ne sentir à l'aise avec personne d'autre que vous? 

Et puis finalement, je vais peut-être un jour rentrer dans le moule ; j'aurai un boulot qui rapporte assez pour vous rendre fiers, j'aurai un petit copain ennuyeux mais heureux, ces mioches que je déteste tant... Mais quand vous partirez, je laisserai tout derrière moi ; parce que vous êtes la seule chaîne qui me rattache à la vie.

Même si j'comprends pas trop ce mot, j'vous aime tellement papa et maman. À un spëmatozoïde près, et vous ne mettiez pas une chieuse au monde...

" Mais touché-coulé, elle a brisé mes chaînes. 

Elle a noyé mes doutes et mes peines.  "

C'que c'est beau l'amitié. Mais pas avec tout le monde, il n'y qu'avec toi que je la trouve merveilleuse. Un an, c'est pas beaucoup ; et pourtant j'ai re-considéré le terme "amie" après t'avoir rencontré. C'est vrai, tu ne pouvais pas être une "amie" comparé aux autres, t'étais tellement au-dessus d'elles.

Les autres étaient tellement fade à côté de toi ; si ce n'était pas avec toi que je parlais, alors la discussion n'avait aucun intérêt, aucune magie. Je t'aime autant que peut me le permettre mon coeur ; un tout petit peu, mais c'est déjà beaucoup trop.